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Tesla surprend tout le monde en achetant sa propre mine de lithium

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Crédits : Tesla Live

Ce mardi, Elon Musk organisait la « Journée de la batterie ». Pour l’occasion, il a fait une annonce surprenante : Tesla vient d’acheter sa propre mine d’argile pour extraire du lithium.  Un processus très complexe, auquel personne n’avait encore vraiment osé s’attaquer.

Ce mardi se tenait la très attendue « Journée de la batterie » de la marque automobile Tesla. De nombreux investisseurs et experts étaient présents pour l’occasion. Et le moins que l’on puisse dire, c’est beaucoup sont repartis en se grattant la tête, tant la marque semble se lancer en territoire inconnu.

Une mine d’argile pour extraire du lithium

La principale annonce de Musk en a en effet surpris plus d’un. Et pour cause, celle-ci ne concernait pas ses tant attendues futures batteries à un million de kilomètres, mais se concentrait davantage sur la chaîne d’approvisionnement de Tesla. L’entreprise vient en effet d’acquérir les droits d’exploitation d’une mine d’argile de 4 000 hectares dans le but d’en extraire du lithium dans l’État du Nevada, a-t-on appris lors de l’événement.

Interrogé par The Verge, Chris Berry, spécialiste des chaînes d’approvisionnement en métaux énergétiques, s’est dit un peu perplexe. Non pas parce que ce que le fait d’extraire du lithium d’un matériau comme l’argile est impossible, mais parce que le processus est en réalité très, très complexe.

«Personnellement, je pense que c’est une idée terrible», explique l’analyste. Non pas parce qu’il s’agit de Tesla, mais «parce que l’exploitation minière est une entreprise radicalement différente de ce que propose aujourd’hui le constructeur automobile». De plus, «il n’y a jamais eu de production commerciale de lithium à partir de sources d’argile», poursuit l’expert.

La majeure partie du lithium dans le monde provient en effet de deux environnement différents : des gisements de saumure dans le « triangle du lithium » d’Amérique du Sud (Argentine, Chili et Bolivie), et des gisements de roches dures en Australie. Ces processus d’extraction sont aujourd’hui bien compris. En revanche pour l’argile, c’est une autre histoire.

Elon Musk a reconnu que Tesla entrait en territoire inconnu. «Personne ne l’a jamais fait auparavant, à ma connaissance», a-t-il admis lors de son intervention. Son explication du processus n’a également pas vraiment aidé. «Nous prenons un morceau de terre dans le sol, extrayons le lithium et remettons le morceau de terre là où il était», a-t-il simplement déclaré. Il n’a pas non plus proposé de calendrier clair concernant la mise en place de ces opérations minières.

Des batteries 56% moins chères

En exploitant elle-même cette mine, Tesla compte ainsi tenir sa promesse de réduire le coût de ses voitures.

Lors d’une récente conférence, Musk avait en effet annoncé la mise au point de batteries plus performantes et 56 % moins chères que celles utilisées actuellement. Pour ce faire, l’idée serait de remplacer le cobalt par du nickel, moins onéreux. Le lithium, lui, sera donc extrait de cette fameuse mine d’argile dans le Nevada. Le but : commercialiser à terme un véhicule à 25 000 dollars (soit environ 21 500 euros).

Elon Musk a également annoncé une future conception de batterie structurellement intégrée à la voiture. De quoi les rendre plus solides et plus durables. Sam Abuelsamid, expert automobile chez Guidehouse Insights, fait une analogie avec nos téléphones et ordinateurs portables.

«En éliminant l’emballage requis pour une batterie amovible, les fabricants d’électronique peuvent remplir davantage de cellules de batterie dans le même volume», explique-t-il, toujours à The Verge. En revanche, cela peut se faire au détriment des réparations futures. Il est en effet beaucoup plus compliqué de s’attaquer à une cellule ou une connexion défectueuse lorsque tout est lié et scellé dans la batterie. «Je ne pense pas que nous en soyons encore au stade de l’évolution de la batterie où ce type d’approche serait une bonne idée».

De fait, beaucoup ont donc été un peu déçus de cette « Journée de la batterie ». Déçus parce que les fameuses « annonces passionnantes » n’ont pas été faites. Et parce que celles proposées apparaissent très compliquées. Mais s’il y a bien une chose qu’Elon Musk nous a appris, c’est de ne jamais sous-estimer le potentiel de ses équipes.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.