Et si les JO de Tokyo avaient fait concourir des athlètes nus ?

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Évidemment, personne n’oserait prendre cette question au sérieux. Et pourtant, des Jeux Olympiques (JO) avec des athlètes nus en 2021 auraient soulevé des interrogations assez intéressantes en termes de performances athlétiques, mais aussi de normes culturelles et de sexisme.

Un retour impossible aux JO nus

Selon la légende grecque, Orhippos de Mégare aurait été le premier vainqueur à courir nu lors de Jeux Olympiques, en 720 av. J.-C. Ceci s’est produit par accident lors d’une course d’une longueur de stade, soit environ 192 mètres. Le vainqueur a vu son pagne tomber en chemin, mais a tout de même décidé de continuer au lieu de s’arrêter pour cacher sa honte. Après cet événement, tout le monde affirmait qu’Orhippos de Mégare avait été choisi par les dieux. Ainsi, les autres athlètes ont ensuite décidé de courir totalement nus eux aussi. Toutefois, certains auraient pris cette habitude pour une raison plus terre à terre : courir nu limiterait les entraves.

Lorsque les JO ont refait leur apparition à l’époque moderne, à Athènes en 1896, les mœurs n’étaient plus les mêmes. Il n’a d’ailleurs jamais été question de reprendre la fameuse tradition antique. Dans un article du 26 juillet 2021, la BBC a néanmoins posé une question pouvant faire sourire : « Et si les Jeux de Tokyo, déjà très particuliers, prenaient un tournant encore plus inhabituel en réinstaurant la nudité olympique grecque originelle ? »

La question fait en partie référence à l’actuelle situation sanitaire en lien avec la Covid-19 (absence de public), mais donne surtout à réfléchir sur la nudité. De retour au sein des Jeux Olympiques, elle poserait en effet évidemment des questions concernant les performances, mais aussi le sexisme ou encore les normes culturelles.

Que dire au sujet des performances ?

En termes de performances, l’intérêt des vêtements peut faire l’objet d’une discussion. À quoi servent-ils à part stabiliser la poitrine des femmes ainsi que les parties génitales des hommes ? Olga Troykinov, professeure d’ingénierie centrée sur l’humain à l’Institut royal de technologie de Melbourne (Australie), explique que le vêtement a plusieurs utilités pour les athlètes. Premièrement, il permet d’uniformiser le corps et donne la possibilité aux muscles de mieux diriger leur puissance vers la tâche à effectuer. Les ceintures d’haltérophilie sont l’exemple typique de ce rôle.

Par ailleurs, des vêtements aux tissus très lisses permettent de réduire la résistance à laquelle fait face le corps lors de ses déplacements dans l’air et dans l’eau. L’avantage est donc indéniable en ce qui concerne les sports où la vitesse revêt une importance cruciale. Citons par exemple les cyclistes qui, en plus de se raser les jambes, portent des vêtements parfaitement ajustés et comportant des zones rugueuses. Ces dernières sont idéalement placées afin de créer un sillage derrière les coureurs.

cycliste vélo
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Culture, éthique et psychologie

De nos jours, courir nu poserait avant tout des problèmes au niveau culturel, et notamment d’ordre religieux. Évidemment, si cette possibilité devenait réelle, elle exercerait sans aucun doute une influence importante sur le type de personnes autorisées ou non à participer aux épreuves. Les pays les plus conservateurs prendraient logiquement la décision d’interdire à leurs athlètes de participer. Évoquons également des préoccupations d’ordre légal et éthique si des athlètes mineurs devaient entrer en lice.

Au sujet des athlètes féminines et transgenres, les jugements se multiplieraient bien plus qu’au niveau des athlètes masculins hétérosexuels. C’est en tout cas ce que pense Ruth Barcan, professeure d’études de genre à l’Université de Sydney. Cependant, n’importe quel athlète pourrait subir des effets psychologiques indésirables. En effet, de nombreuses personnes n’hésiteraient notamment pas à lancer divers commentaires à propos de leurs parties intimes.