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Simone Biles aux JO de Rio le 4 août 2016. Crédits : Fernando Frazão

JO : l’absence de public peut-elle nuire aux performances des athlètes ?

Pour la première fois de l’histoire moderne, les olympiades se déroulent sans public. L’ambiance est particulière et semble déranger certains athlètes. Mais l’absence de spectateurs à ces JO de Tokyo peut-elle vraiment avoir un impact sur les performances de ces athlètes ?

Des circonstances particulières

En pleine résurgence de l’épidémie de Covid-19 et de son variant Delta, les autorités japonaises n’ont eu d’autre choix que d’écarter le public pour ces nouveaux Jeux Olympiques de Tokyo. Depuis la création moderne des olympiades en 1896, c’est une grande première. Si côté spectateurs la décision a visiblement empêché de nombreuses personnes d’apprécier la cérémonie d’ouverture des olympiades, qui a pris des allures de fête gâchée, qu’en est-il des sportifs ?

Ces athlètes ne sont pas les seuls à devoir faire avec le manque de public. Il y a quelques mois, la Premier League anglaise et la Liga espagnole ont en effet toutes deux accompagné les matchs avec des bruits de foule enregistrés initialement dans le jeu vidéo FIFA 20. Certains clubs de football, de baseball ou de basketball ont également peuplé les tribunes avec des découpes de fans en carton, entre autres exemples. Les JO de Tokyo en revanche, n’adopteront aucun de ces dispositifs. La question est : cela peut-il également affecter les performances ?

Les circonstances étranges dans lesquelles se déroulent ces jeux pourraient effectivement exercer une pression imprévue sur certains athlètes, à l’instar de la gymnaste Simone Biles, considérée comme la plus grande gymnaste de tous les temps, qui vient d’abandonner l’épreuve par équipe féminine.

Biles était attendue depuis des mois comme la star de ces Jeux de Tokyo. Incapable de concourir, elle s’est finalement écartée, a enfilé un survêtement blanc et a encouragé ses coéquipiers. Si la star évoquera ses « vieux démons » et ses problèmes d’anxiété comme principaux facteurs déterminants, l’ambiance particulière de ces Jeux aurait également pesé dans la balance. « C’était vraiment stressant ces JO« , a-t-elle déclaré au Washington Post. « Dans l’ensemble, sans public. Il y a beaucoup de variables différentes qui entrent en jeu ».

Les difficultés de Simone Biles sont probablement répandues parmi les athlètes olympiques de cette année. « Sur le terrain, où que se trouve leur compétition, les joueurs ont cette incertitude. Ils sont confrontés à une situation qu’ils ne connaissaient pas auparavant« , explique à Scientific American Louise Byrne, praticienne en psychologie du sport au Royaume-Uni. Une partie de l’ambiguïté, ajoute-t-elle, a été causée par la soudaineté de la décision.

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Simone Biles aux JO de Rio le 4 août 2016. Crédits : Fernando Frazão

Visualisation et facilitation sociale

Jamey Houle, psychologue du sport à l’Ohio State University Athletics (États-Unis) et ancien gymnaste, rappelle également que les plus grands athlètes sont entraînés aux techniques de visualisation, qui consistent à imaginer telles actions ou tels mouvements pour solidifier les connexions neuronales et activer leur cortex moteur, la région du cerveau qui contrôle le mouvement.

Pour ce faire, les sportifs tentent alors de simuler le plus fidèlement possible les conditions de jeu réelles auxquelles ils seront confrontés. « En préparation des Jeux de Tokyo, certains athlètes se sont peut-être entraînés avec de faux bruits de foule avant l’annonce de l’interdiction des spectateurs« , note le psychologue. « Des stades vides pourraient ainsi avoir un impact mesurable sur les performances des joueurs« .

Ce phénomène est fondé sur un concept psychologique baptisé « facilitation sociale », un phénomène selon lequel la présence d’autrui a un effet bénéfique sur les performances d’un individu. Dans le domaine du sport, les athlètes de haut niveau ont alors tendance à mieux performer avec une foule que lorsqu’ils sont seuls, tandis que les concurrents moins performants ont davantage tendance à vaciller.

« S’il y a un manque de public, théoriquement, vous devriez donc avoir un niveau de performance généralisé pas aussi élevé qu’auparavant« , explique ainsi Daniel Wann, de la Murray State University  (Kentucky). Selon cette logique, nous devrions donc nous attendre à ce que moins de records olympiques soient établis cette année. En outre, l’écart entre les athlètes pourrait également se réduire.

Enfin, l’acoustique d’un terrain, d’un court ou d’un stade sans supporters a des conséquences inattendues pour les joueurs. Sans le rugissement d’une foule, les sons voyagent plus loin. Des conversations entre arbitres ou entre entraîneurs, qui autrement n’auraient pas été entendues, pourraient alors être perçues par les athlètes, fragilisant ainsi leur concentration.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.