Comment les escrimeurs sont-ils protégés des sabres et fleurets ?

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Interviewé par Europe 1, l’ancien entraîneur de l’équipe de France olympique de fleuret Stéphane Marcelin explique ce qu’il faut savoir sur l’équipement des athlètes et les normes de sécurité.

L’escrime est une discipline très attendue par des milliers de passionnés qui veulent voir l’équipe de France aux prises avec les autres nations, dans les différentes spécialités (fleuret, sabre, épée). Assez spectaculaire, ce sport pose néanmoins des questions de sécurité et les Jeux Olympiques sont une bonne occasion de revenir sur l’équipement des athlètes et certaines règles à respecter.

Interrogé par Europe 1, Stéphane Marcelin n’est autre qu’un cadre technique de la fédération française d’escrime et l’ancien entraîneur de l’équipe de France olympique de fleuret.

Le combattant en escrime, baptisé « tireur », n’a aucun doute sur la capacité de son équipement à le protéger. En effet, ce dernier est équipé d’un pantalon et d’une veste en kevlar intransperçable et d’un gant de cuir épais sur la main tenant l’arme. Quant au masque, celui-ci est flanqué d’un grillage renforcé, complétant une tenue aux allures d’armure.

« Le masque est tellement solide que même en sautant dessus à pieds joints, vous ne réussirez pas à le plier » indique Stéphane Marcelin, qui est par ailleurs garant de la gestion du contrat avec l’équipementier de l’équipe de France olympique.

Cependant, sous leur tenue, les athlètes portent des protections encore plus solides. Ils enfilent une cuirasse obligatoire sur la partie latérale du côté où est tenue l’arme, ainsi qu’une veste électrique dont le but est de détecter les touches pour le fleuret et le sabre. D’autres protections sont facultatives, mais régulièrement utilisées, ainsi l’ancien entraineur de l’équipe de France évoque le « protège-poitrine en plastique » pour les femmes et parle de « bustier plat » et de « protection à l’entre-jambes » pour certains hommes.

L’escrime est un sport ayant connu une transition matérielle, comme l’explique Stéphane Marcelin :

« Les tenues en kevlar ne sont apparues qu’à la fin des années 1970. Avant les années 1950, l’équipement était fait dans un coton très épais, puis sont venues des tenues à tissu plus souple. »

Ainsi, les tenues étaient plus confortables, mais le niveau de protection de l’athlète ne devait sûrement pas atteindre les 100%. La Fédération Internationale d’Escrime (FIE) a adopté de plus rigoureuses mesures de sécurité après le décès en 1982 du fleurettiste soviétique Vladimir Smirnov. Ce dernier a succombé à ses blessures après que son cerveau ait été transpercé par une lame cassée en plein combat, en raison d’un « défaut dans la maille [du casque] », selon Stéphane Marcelin. Un autre accident avait fini de persuader la FIE de changer son fusil d’épaule : en 1985, le français Philippe Conscience a cru mourir après avoir été transpercé à l’aine.

Stéphane Marcelin indique également que les nouveaux types d’équipement sont fiables et que les contrôles du matériel ont été largement intensifiés avant les combats :

« Un masque renforcé, une combinaison en kevlar intransperçable, ainsi que des lames en acier ‘maraging’ qui ne cassent pratiquement jamais. Un tampon est imprimé sur chaque accessoire à l’issue du contrôle, et l’escrimeur ne peut pas se présenter vêtu d’équipements qui ne porteraient pas cette marque, au risque de prendre un carton rouge d’entrée [un point de pénalité, ndlr]. »

Le risque zéro n’existe cependant pas, mais c’est le cas de pratiquement tous les sports. Quoi qu’il en soit, s’il subsiste certains risques de blessure, comme au niveau de la main non armée de l’escrimeur, l’ancien entraineur de l’équipe de France indique qu’il n’y a « plus aucun danger de transperçage » et que « sur les parties vitales, il n’y a plus aucun problème ».

https://www.youtube.com/watch?v=fgobaMht4tk

Sources : Europe 1

Crédits photos : Fédération Française d’Escrime (FFE)