L’astronaute français Jean-Jacques Favier décède à 73 ans

Jean-Jacques Favier
Le spécialiste de la charge utile STS-78, Jean-Jacques Favier à bord de la navette spatiale Columbia en juillet 1996. Crédit : NASA

Le CNES (Centre National d’Études Spatiales) a fait savoir que Jean-Jacques Favier, devenu en 1996 le sixième astronaute et le premier scientifique français à se lancer dans l’espace, est décédé le 19 mars dernier à l’âge de 73 ans. Retour sur son incroyable carrière.

Diplômé de l’Académie de l’Armée de l’air française et de l’École Polytechnique, Jean-Jacques Favier obtient son doctorat en ingénierie et en métallurgie et physique en 1977. Il est ensuite sélectionné dans le deuxième groupe d’astronautes français en 1985 et effectue son premier et unique lancement en tant que spécialiste de la charge utile à bord de la navette spatiale Columbia de la NASA en 1996.

De nombreuses expériences scientifiques

Pendant dix-sept jours, le Français et les autres membres d’équipage opèrent dans le cadre du programme SpaceLab, une série de missions spatiales réalisées par la NASA en collaboration avec l’Agence spatiale européenne (ESA) à partir des années 1980. L’objectif était de réaliser des expériences scientifiques dans l’espace en utilisant un laboratoire modulaire installé dans la soute de la navette spatiale américaine.

Ce laboratoire était équipé d’instruments permettant de mener des expériences dans des domaines tels que la biologie, la médecine, la physique, la chimie et la technologie des matériaux. Ces missions ont également permis de tester de nouveaux équipements et technologies, préparant ainsi le terrain pour la future station spatiale internationale. Au total, vingt-deux missions Spacelab ont été réalisées entre 1983 et 1998, impliquant des équipages de différentes nationalités, dont des astronautes américains, européens et japonais. Jean-Jacques Favier a participé à la cinquième.

« Pour un scientifique comme moi, [l’aspect le plus incroyable d’être à bord de la navette] était de pouvoir mener mes propres expériences dans l’espace. C’était très excitant d’un point de vue professionnel« , avait-il déclaré en 2018 lors d’une conférence tenue à Moscou. « En gros, j’ai bouclé la boucle de mes expériences. Je les ai préparées en labo, j’ai développé les modèles de vol, j’ai piloté les modèles de vol, puis après la mission, je les ai ramenés au labo pour exploiter les données, puis j’ai fait des publications. Je suis l’une des rares personnes à avoir été capable de faire cela« .  En un peu plus de deux semaines passées dans l’espace, l’astronaute français aura mené plus de trente recherches en physique et participé à plus d’une douzaine d’études de physiologie.

Jean-Jacques Favier
Portrait officiel du spécialiste de charge utile Jean-Jacques Favier. Crédits : NASA

Après sa carrière d’astronaute, Jean-Jacques Favier est ensuite retourné à ses recherches, s’impliquant davantage dans l’éducation. Pour ses contributions au CNES et à la NASA, il a été honoré en tant que chevalier de la Légion d’honneur et récipiendaire de la NASA Space Flight Medal, entre autres récompenses.

L’agence spatiale française a appris sa disparition avec tristesse le 26 mars dernier. « Le décès de l’astronaute Jean-Jacques Favier laisse un grand vide dans le monde spatial : le CNES a perdu l’un des siens« , a déclaré Philippe Baptiste, le président de l’agence, dans un communiqué. « En tant que premier scientifique français à être allé dans l’espace, je sais qu’il laissera son empreinte sur les générations futures et inspirera beaucoup d’entre nous. »