Au pays du soleil levant, les « hikikomori » sont plusieurs centaines de milliers. Ces personnes ont du jour au lendemain dĂ©cidĂ© de rester au domicile familial par refus du monde extĂ©rieur. Or, ce phĂ©nomène nippon dĂ©bordant sur d’autres pays a connu un regain d’intensitĂ© avec l’actuelle pandĂ©mie de Covid-19.
Un refus de la société
Au Japon, le marchĂ© du travail est impitoyable, surtout depuis l’explosion de la bulle spĂ©culative au dĂ©but des annĂ©es 2000. Les Ă©tudiants diplĂ´mĂ©s ne trouvent pas toujours du travail après leurs Ă©tudes et risquent de devoir surfer entre les petits boulots une grande partie de leur vie. Certaines personnes abandonnent et deviennent des « hikikomori ».
Il s’agit d’un vĂ©ritable Ă©tat psychosocial et familial consistant Ă se retirer du monde. Se sentant accablĂ©s par la sociĂ©tĂ©, ces personnes ont le sentiment de ne pas pouvoir accomplir leurs objectifs de vie. Ainsi, il peuvent passer des mois voire des annĂ©es dans une chambre et sortent seulement pour satisfaire des impĂ©ratifs. Ces hommes et femmes d’âge moyen seraient environ 620 000 au Japon, selon un article publiĂ© par Bloomberg le 1er octobre 2020. Ce phĂ©nomène est en constante augmentation puisqu’en 2010, le pays comptait environ 230 000 hikikomori.
Par ailleurs, il y a eu un rĂ©cent nouveau coup de projecteur sur ce type de personnes. En mai 2019, un homme d’une cinquantaine d’annĂ©es a utilisĂ© un couteau pour tuer deux personnes et en blesser 18 autres avant de se suicider. Au chĂ´mage depuis plusieurs annĂ©es, l’homme Ă©tait un hikikomori vivant avec son oncle.
La pandémie aggrave la situation
La pression du monde du travail s’accompagne d’une baisse du nombre de personnes mariĂ©es. En 1990, environ 5 % des Japonais n’Ă©taient pas mariĂ©s contre 10 % pour les femmes en 2015 et 20 % pour les hommes. NĂ©anmoins, il semble que l’actuelle pandĂ©mie de Covid-19 n’arrange rien Ă la situation. En effet, de grandes entreprises locales telles que Japan Airlines et HIS ont rĂ©cemment stoppĂ© leur recrutement de jeunes diplĂ´mĂ©s. Pas moins de 78 % des diplĂ´mĂ©s japonais ont d’ailleurs dĂ©clarĂ© que la pandĂ©mie Ă©tait un frein Ă leur recherche d’emploi.
Il faut savoir que le phĂ©nomène existe aussi en France, comme l’explique un article publiĂ© par Le Monde en 2012. En ce qui concerne ce phĂ©nomène et la crise actuelle, un article du CNRS Journal de juin 2020 a questionnĂ© une psycho-sociologue française. Il s’agissait de savoir si le confinement avait fait de nous des hikikomori. La spĂ©cialiste avait estimĂ© que le confinement nous avait Ă©tĂ© imposĂ©, si bien qu’il est impossible de parler d’un retrait volontaire du monde. NĂ©anmoins, certaines personnes ont bien vĂ©cu cette pĂ©riode de rĂ©clusion et se sont constituĂ©s une bulle. Toutefois, certains ont aujourd’hui du mal Ă sortir de cette dernière.