Selon un astronome impliqué dans le projet, le James Webb Telescope produira des « images couleur spectaculaires » de l’Univers dès la mi-juillet dans le cadre des premières observations dédiées à sa mission de découverte scientifique. En attendant, l’observatoire nous régale déjà avec ses photos brutes.
Le processus d’alignement du grand miroir de l’observatoire est terminé. L’équipe de mission se prépare désormais pour la dernière série de préparations : la mise en service de ses instruments. Ce processus prendra environ deux mois avant le début des opérations scientifiques prévues à la mi-juillet. Dès lors, les chercheurs pourront nous proposer de premières images en couleurs qui s’annoncent déjà spectaculaires. Où les caméras seront-elles pointées ? Pour l’heure, c’est impossible à dire.
« Nous aimerions vraiment que ce soit une surprise« , a déclaré Klaus Pontoppidan, scientifique au Space Telescope Science Institute de Baltimore. Il ajoute également que le secret est en partie dû au fait que les premières cibles ne sont pas encore finalisées. La NASA et ses partenaires, l’Agence spatiale européenne (ESA) et l’Agence spatiale canadienne (ASC), ont récemment formé un comité pour créer une liste d’objets classés. Ces images seront ensuite capturées en infrarouge avant d’être colorisées pour le grand public.
En attendant, alors que le James Webb Telescope entre dans la dernière ligne droite de ses travaux de mise en service, les responsables de mission ont tout de même publié quelques images brutes en guise de mises en bouche avant le grand spectacle. Capturée par le Mid-Infrared Instrument (MIRI, son instrument le plus froid), la dernière est particulièrement impressionnante.
L’image, prise à 7,7 microns, montre une vue nette du Grand Nuage de Magellan, une petite galaxie évoluant autour de la Voie lactée. Parallèlement à cette photo, les ingénieurs ont republié une image capturée par le télescope spatial Spitzer, désormais à la retraite, à 8,0 microns. À son époque, Spitzer était considéré comme la référence dans la génération d’images haute résolution de l’Univers dans le proche et moyen infrarouge. Comme vous pouvez le constater, le JWT est beaucoup plus puissant.

Si Spitzer a permis de faire avancer la science dans son domaine, il restait malgré tout limité par sa résolution spatiale. L’observatoire était en effet optimisé pour les relevés à champ large qui capturent les objets célestes dans leur contexte, au sein même de notre Galaxie. En comparaison, la perspective détaillée et rapprochée du James Webb Telescope fournira une vue de ces processus galactiques avec beaucoup plus de précision.
Cette nouvelle image de l’instrument MIRI en est un exemple, nous révélant la chimie du gaz interstellaire dans les meilleurs détails à ce jour, y compris l’émission de molécules de carbone et d’hydrogène appelées « hydrocarbures aromatiques polycycliques » considérées comme certains des éléments constitutifs de la vie. Cette capacité d’imagerie sera cruciale pour nous aider à comprendre comment les étoiles et les systèmes protoplanétaires se forment.
« C’est un très bel exemple scientifique de ce que le JWT fera pour nous dans les années à venir« , a déclaré Chris Evans, de l’Agence spatiale européenne. « Nous avons fait beaucoup d’études sur la formation d’étoiles et de planètes dans notre propre Galaxie. Ici, en revanche, nous l’examinons dans les Nuages de Magellan qui sont de petites galaxies externes chimiquement moins évoluées que la nôtre. Cela nous donne donc une chance d’examiner les processus de formation des étoiles et des planètes dans un environnement très différent« .