Jamais la banquise arctique n’avait occupé une surface aussi basse à cette période de l’année

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Vue satellite du bassin arctique le 18 juillet. Crédits : EOSDIS Worldview.

Alors que le monde arctique est touché par une récurrence de fortes chaleurs et d’incendies en cet été 2020, l’extension de glace de mer plonge à grande vitesse. Entre autres conséquences de ce recul précipité, le passage du nord-est qui relie la Norvège et l’Alaska apparaît comme déjà largement ouvert à la navigation.

La banquise boréale est soumise à un cycle saisonnier très caractérisé. Elle atteint son extension annuelle maximale en mars et son extension annuelle minimale en septembre. Sur la période 1981-2010, elle passait ainsi d’environ 15 millions de km² en fin d’hiver à 6 millions de km² en fin d’été. Une fluctuation saisonnière de près de 9 millions de km². Avec le réchauffement climatique, ces pics et creux saisonniers se produisent à des niveaux de plus en plus bas.

Glace de mer arctique : un niveau bas record pour la période

Malgré un hiver 2019-2020 relativement favorable, l’extension de banquise arctique se situe à un niveau bas record en ce mois de juillet. En effet, la surface occupée par de la glace de mer s’élevait à seulement 6,70 millions de km² au 21 juillet. Et ce, alors que la normale 1981-2010 chiffre 9,15 millions de km². Jusqu’alors, le précédent record pour la période était détenu à égalité par 2019 et 2011. On remarque sur la figure ci-dessous que l’essentiel du déficit est porté par les mers de Laptev, de Barents et de Sibérie orientale.

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Extension et concentration de glace de mer au 21 juillet. La moyenne d’extension 1981-2010 est indiquée par la ligne orange. Crédits : NSIDC.

Précisons que toutes les valeurs données dans cet article sont issues du National Snow and Ice Data Center (NSIDC).

Un régime atmosphérique très défavorable

Au dernier bilan, le NSIDC rapporte qu’en première moitié de mois, la banquise s’est retirée à un rythme particulièrement élevé. Plus précisément, de près de 150 000 km² par jour. Un recul saisonnier précipité que l’on doit en grande partie à un régime anticyclonique persistant sur le bassin arctique. De fréquentes remontées chaudes associées à une insolation élevée ont ainsi favorisé un dégel précoce et profond. Ce régime n’est d’ailleurs pas étranger aux épisodes de chaleur record qu’a connu – et connaît encore – la Sibérie. En outre, les vents associés ont amplifié le transport de glace vers le bassin central et la mer du Groenland.

De fait, la situation est bien partie pour déboucher sur un minimum saisonnier sans précédent. Autrement dit, plus bas que celui de septembre 2012. Toutefois, nous n’en sommes pas encore là. En particulier, si le régime atmosphérique venait à changer de façon plus ou moins brutale en août, les probabilités de connaître un minimum record seraient inévitablement revues à la baisse. Néanmoins, il est désormais quasiment acquis que 2020 finira dans le top 3 des minimums les plus bas. Une illustration parmi tant d’autres de la poursuite du réchauffement climatique et de ses conséquences.

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