Pietro Barabaschi dirigera le projet ITER, la plus grande expérience de fusion nucléaire au monde, dès le mois d’octobre prochain. Sa construction avait été retardée à cause de la pandémie. Elle doit cependant être achevée entre 2025 et 2030. Le projet atteindra ensuite sa pleine puissance d’ici 2040.
Le Dr Eisuke Tada occupait le poste de directeur général par intérim du projet ITER depuis le décès en mai dernier de Bernard Bigot, qui dirigeait l’organisation depuis 2015. Il sera bientôt remplacé par Pietro Barabaschi, actuellement directeur par intérim de Fusion for Energy, l’organisation responsable de la contribution européenne à ITER.
Âgé de 56 ans, Pietro Barabaschi a toujours œuvré dans le domaine de la fusion, principalement dans le développement et la construction d’infrastructures dédiées. Auparavant, le chercheur avait également travaillé sur la conception initiale d’ITER sur le site de Munich et sur le projet de fusion Joint European Torus (JET), le grand tomatal européen situé à Culham, au Royaume-Uni.
Dans un communiqué, le nouveau patron d’ITER s’est engagé à faire de son mieux pour améliorer l’intégration de l’organisation centrale projet avec les agences qui fournissent la contribution de chaque membre.
Maîtriser l’énergie des étoiles
Basé dans le sud de la France, ITER vise à démontrer la faisabilité du processus maîtrisé de fusion nucléaire, celle-là même qui alimente les étoiles, promettant ainsi une énergie propre et quasi illimitée. Trente-cinq pays coopèrent actuellement dans le cadre de ce projet faramineux.
Pour maîtriser la fusion, les ingénieurs développent des réacteurs appelés tokamaks à l’intérieur desquels on chauffe du deutérium et du tritium à plus de cent millions de degrés Celsius jusqu’à former un nuage de plasma. Cette réaction doit ensuite être maintenue suffisamment longtemps pour que les noyaux d’atomes légers fusionnent afin de former des noyaux plus lourds, ce qui libère de grandes quantités d’énergie. À terme, cette énergie pourrait être utilisée pour générer de l’électricité.
ITER vise à devenir le premier appareil à produire de « l’énergie nette » et libérer plus de puissance lors d’une tentative de fusion que ce qui a été utilisé pour chauffer le plasma d’hydrogène.
Bien qu’ITER soit actuellement prévu pour commencer ses opérations en 2025, cette date sera probablement repoussée dans un proche avenir pour tenir compte des retards causés par la pandémie de COVID-19. Une fois à maturité, il produira environ 500 mégawatts d’énergie thermique, suffisamment pour alimenter 200 000 foyers. Pour rappel, il ne s’agit que d’un projet expérimental. ITER ne posera en effet que les bases de futurs réacteurs à fusion capables d’alimenter chacun plusieurs millions de foyers en énergie.