Le biochar (ou charbon biologique) est déjà très utile dans le domaine de l’agriculture. Toutefois, celui-ci pourrait assez rapidement devenir un matériau de construction et ainsi lutter contre les pollutions du secteur.
Un nouvel isolant à partir de déchets végétaux
Alors que ses origines sont lointaines, le biochar est à nouveau utilisé depuis quelques années afin d’améliorer des sols agricoles dans divers pays tropicaux – notamment très acides et très altérés. Il s’agit principalement d’accroître la qualité des sols et ainsi leur productivité. Néanmoins, le Laboratoire fédéral d’essai des matériaux et de recherche (EMPA) en Suisse évoque cette matière à utiliser en tant que « puits de CO2 ».
Dans son communiqué du 27 janvier 2023, l’EMPA explique que le biochar est capable de capter et fixer le CO2, et ce tout en enrichissant les sols. Alors que les effets bénéfiques de ce charbon végétal sont déjà connus dans les régions tropicales, les chercheurs suisses affirment que leur biochar a vocation à s’adapter aux sols des régions tempérées.
Ainsi, les scientifiques souhaitent fabriquer un nouvel isolant à partir de déchets végétaux, celui-ci pouvant fixer le CO2 dans les sols à l’aide d’un traitement chimique spécifique. Les déchets végétaux proviendraient ainsi de l’agriculture et de la sylviculture.
Un matériau pour l’avenir
Le nouveau biochar dont il est ici question fonctionnerait donc tel un puits de CO2. Le but est de l’utiliser comme matériau de construction dans le bâtiment et, après démolition, de recycler ce même matériau dans le but de fertiliser les sols. Ainsi, en tant que matériau de construction, le biochar capterait déjà le CO2 puis deviendrait un engrais efficace lorsque les bâtiments sont démolis. Rappelons au passage que le secteur du bâtiment est l’un des plus polluants au monde. En effet, celui-ci concentre 40 % de la consommation mondiale d’énergie, 30 % des émissions de GES et 36 % des déchets produits dans l’Union européenne. Le biochar des chercheurs suisses pourrait donc contribuer à réduire ces chiffres très préoccupants.
Les responsables des travaux indiquent également que leur biochar pourrait rester stable dans les champs durant des centaines, voire des milliers d’années. Néanmoins, le chemin reste long pour que ce matériau soit viable et prêt pour une commercialisation à grande échelle. En effet, les scientifiques estiment que de nombreux facteurs doivent encore être améliorés.
« Entre autres choses, il est important de s’assurer que tous les ingrédients des nouveaux matériaux d’isolation conviennent pour une utilisation ultérieure comme engrais ; un matériau d’isolation commercialisable doit bien sûr également être en mesure de suivre le rythme des produits élaborés pour l’isolation thermique et également, garantir une protection adéquate contre l’incendie » a déclaré Jannis Wernery, une des chercheuses du projet.