Dans l’ombre des conflits modernes, une nouvelle révolution technologique se prépare. L’US Air Force, via son laboratoire de recherche (AFRL), vient d’attribuer un contrat de près de 100 millions de dollars à General Atomics pour développer un drone militaire d’un genre nouveau. Son nom : GHOST. Un acronyme mystérieux pour une machine tout aussi énigmatique, conçue pour être furtive, endurante et redoutablement efficace.
Un fantôme dans le ciel
Peu d’informations filtrent sur ce programme classifié, mais le peu que l’on sait suffit à éveiller l’attention. Le drone GHOST sera doté d’un système de propulsion hybride-électrique, avec des ventilateurs canalisés. Cette configuration lui permettrait d’évoluer silencieusement dans les airs, avec une signature thermique et acoustique extrêmement réduite. En d’autres termes : il pourrait devenir presque indétectable par les radars et les systèmes de défense classiques.
Selon General Atomics, cette technologie est capable de maintenir un drone en vol pendant près de 60 heures sans recharge. Un record d’endurance pour un système aussi compact, et une aubaine pour les opérations longues en zone hostile.
Une mission triple : espionner, surveiller, frapper
Ce n’est pas qu’un simple drone de reconnaissance. L’objectif annoncé est de concevoir un système polyvalent, capable d’assurer simultanément des missions de renseignement, de surveillance et de frappe. Le tout dans des environnements contestés, c’est-à-dire des zones où les systèmes de détection et de brouillage sont nombreux et agressifs.
Grâce à son architecture hybride, GHOST pourrait combiner le meilleur des deux mondes : la puissance nécessaire à l’emport d’armements et la discrétion requise pour éviter les défenses adverses.
Une réponse américaine à la guerre des drones
Si l’armée américaine investit autant dans ce projet, c’est parce que le champ de bataille a changé. Les drones ne sont plus de simples outils de surveillance. Ils sont devenus des armes stratégiques à part entière, au cœur des conflits modernes. En mai 2024, des responsables militaires ukrainiens déclaraient que les drones tuaient « plus de soldats des deux côtés que toute autre arme ».
La Russie, de son côté, achèterait plus de 100 000 drones de bas niveau chaque mois, illustrant la course à l’armement aérien autonome à laquelle se livrent les grandes puissances.
Face à cette nouvelle donne, les États-Unis veulent prendre une longueur d’avance. GHOST est pensé comme un système modulaire, autonome et difficile à contrer. Il pourrait opérer pendant des jours au-dessus d’un territoire ennemi, frapper des cibles avec précision, puis disparaître comme il est venu.

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Crédits : vadimrysev/istockLe silence comme arme
Le secret qui entoure GHOST fait partie intégrante de sa stratégie. Interrogé par The War Zone, le porte-parole de General Atomics, C. Mark Brinkley, est resté laconique : « Contrairement à ce que l’on voit aux informations, la révolution ne sera pas télévisée. » Une manière élégante de dire que le vrai pouvoir réside désormais dans l’invisible.
En s’appuyant sur son expertise vieille de plus de 30 ans dans le domaine des drones — notamment avec les célèbres Predator et Reaper — General Atomics veut réinventer la guerre aérienne du futur.
Une machine pour les conflits de demain
Les travaux sur ce drone se poursuivront jusqu’en 2028, depuis le centre de développement de l’entreprise à Poway, en Californie. D’ici là, peu de détails seront sans doute rendus publics. Mais une chose est sûre : les futurs champs de bataille ne seront pas bruyants. Ils seront silencieux, précis et autonomes.
Et dans ce théâtre d’ombres, le GHOST pourrait bien devenir le maître du ciel invisible.