Introduire les rhinocéros menacés en Australie ? Une idée pas si folle

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Crédits : Pixabay

Il ne reste que cinq espèces de rhinocéros dans le monde : deux en Afrique et trois en Asie, et toutes sont menacées. Pourrions-nous alors tenter de les introduire ailleurs ? En Australie, par exemple ?

En Afrique et en Asie, l’habitat des rhinocéros est décimé, clôturé, plein de goudron, menacé par les braconniers armés qui convoitent leurs précieuses cornes, auxquelles on attribue des propriétés aphrodisiaques ou curatives. Les rhinocéros sont les reliques d’une grande mégafaune qui dominait la planète il y a peu. Aujourd’hui, ils comptent parmi les animaux les plus vulnérables de la planète.

Le Rhinocéros de Sumatra, par exemple, est si rare que les biologistes refusent de révéler ses derniers bastions pour éviter d’avertir les braconniers. Autre exemple, le Rhinocéros de Java était autrefois l’espèce de rhinocéros la plus abondante en Asie, allant de l’Asie du Sud-Est à l’Inde et la Chine. C’est aujourd’hui l’un des mammifères les plus rares sur Terre, avec seulement 60 animaux survivants dans l’extrême ouest de Java, en Indonésie.

En Afrique, les rhinocéros blancs et les rhinocéros noirs ne sont pas mieux lotis. Le rhinocéros noir était autrefois largement répandu en Afrique orientale et australe, mais son nombre a considérablement diminué, et près de la moitié de ses sous-espèces uniques ont disparu. Le rhinocéros blanc, lui, compte deux sous-espèces distinctes. La sous-espèce du sud, dont le nombre s’est effondré à seulement 20 individus il y a un siècle, compte aujourd’hui environ 20 000 individus aujourd’hui. Une « bonne » fortune comparée à son cousin le rhinocéros blanc du nord. Le dernier mâle est mort le 19 mars dernier : il ne reste que deux femelles infertiles en captivité.

Comme le souligne Bill Laurance de la James Cook University (Australie) dans The Conversation, « la plupart des nations ayant des populations de rhinocéros ont de grandes difficultés à les maintenir. Ces animaux sont grands, myopes et plutôt prévisibles dans leurs habitudes ; ainsi ils sont des proies faciles pour les braconniers ». Si certains experts pensent que l’élevage en captivité est la solution la plus viable à court terme, d’autres en revanche, pensent à l’Australie.

« Ce grand pays abrite en effet des savanes abondantes, des territoires boisés et des forêts tropicales dont les différentes espèces de rhinocéros ont besoin pour survivre », poursuit le chercheur. Les rhinocéros, brouteurs, ne sont pas non plus particulièrement pointilleux sur ce qu’ils mangent. « L’Australie a par ailleurs un fort état de droit et un braconnage minimal de la faune. Un groupe, l’Australian Rhino Project, tente déjà d’établir une population de rhinocéros blancs en Australasie ».

Il ne s’agirait pas ici d’autoriser les rhinocéros à errer librement en Australie, puisqu’ils pourraient dégrader les écosystèmes indigènes. « L’idée serait alors de les maintenir dans des zones bien définies, dans le but d’établir des populations semi-sauvages qui pourraient protéger les rhinocéros de l’extinction mondiale et, en même temps, éduquer le public et recueillir des fonds », propose le chercheur. Alors, face à une situation désespérée, est-ce une brillante idée ?

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