Le monde digital produirait sensiblement le mĆŖme taux de CO2 que le trafic aĆ©rien. Difficile Ć croire et pourtant, Ć deux mois de la COP21, une Ć©tude trĆØs sĆ©rieuse soutient quāInternet pollue autant que les avions. Explications.
La France va accueillir et prĆ©sider la 21e ConfĆ©rence des parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques de 2015 (COP21/CMP11), aussi baptisĆ©e ParisĀ 2015, du 30 novembre au 11 dĆ©cembre 2015. Et pourtant, Ć deux mois de cet Ć©vĆ©nement majeur pour lāavenir des dĆ©cisions quant au rĆ©chauffement global, une Ć©tude trĆØs sĆ©rieuse estime que lāutilisation dāinternet Ć lāĆ©chelle mondiale est aussi polluante que le trafic aĆ©rien. Cāest ce quāexplique la Global e-sustainability Initiative (GeSI) dans son rĆ©cent rapport.
2Ā % des Ć©missions de CO2 mondiales, cāest le chiffre annoncĆ© concernant lāactivitĆ© Internet, exactement le mĆŖme que celui du trafic aĆ©rien. Greenpeace, par le biais de Gary Cook, analyste des technologies de lāinformation pour lāorganisation, sāinquiĆØte des comportements liĆ©s Ć lāutilisation dāInternet comme le tchat et le partage de photos et de vidĆ©os sur les rĆ©seaux sociaux.
« Si vous ajoutez lāĆ©lectricitĆ© consommĆ©e par les centres de donnĆ©es ainsi que les rĆ©seaux nĆ©cessaires pour connecter tous nos appareils, cela reprĆ©senterait le sixiĆØme pays qui consomme le plus au mondeĀ Ā», expliquait lāanalyste pour un article de TIME Magazine dāavril 2014.
Si lāon prend lāempreinte carbone par individu, cela reste faible, mais lorsque lāon considĆØre lāactivitĆ© digitale connectĆ©e Ć lāĆ©chelle de la planĆØte, les choses sont diffĆ©rentes. Facebook indique par exemple que chacun de ses utilisateurs ne reprĆ©sente que 263Ā g de CO2 par an, soit « moins quāun coffee latte Ć 340Ā gĀ Ā», mais le cĆ©lĆØbre rĆ©seau social compte 1,69 milliard dāutilisateurs chaque annĆ©e, faites le calcul…
En effet, il existe un rapport de cause Ć effet inĆ©luctableĀ : plus les personnes se connectent et utilisent du digital, plus les centres qui hĆ©bergent les serveurs gĆ©ants doivent avoir la possibilitĆ© de rĆ©pondre Ć cette forte demande qui augmente, donc tout simplement de sāagrandir. Malheureusement, ces centres de donnĆ©es consomment dĆ©jĆ Ć©normĆ©ment dāĆ©nergie et il faut Ć©galement pouvoir garder les serveurs Ć des tempĆ©ratures raisonnables.
Facebook assure faire des effortsĀ : installer son centre de donnĆ©es Ć Lulea en SuĆØde constitue une solution, puisque cette zone proche du cercle polaire arctique permet de refroidir naturellement leur armĆ©e de serveurs. En 2012, Facebook annonƧait que son empreinte carbone Ć©tait cinq fois moins importante que celle de Google la mĆŖme annĆ©e, soit 285Ā 000 tonnes dāĆ©quivalentĀ CO2.
Le secteur digital sāest engagĆ© Ć ne pas augmenter son empreinte carbone durant les 15 prochaines annĆ©es. Selon Gary Cook, il y aurait de quoi ĆŖtre sceptique face Ć cet engagementĀ :
« Si vous observez lāĆ©volution croissante de la demande des centres de donnĆ©es du monde digital, vous verrez que lāefficacitĆ© Ć©nergĆ©tique rĆ©duira la courbe des Ć©missions de CO2. Mais cette mĆŖme courbe continuera quand mĆŖme Ć monter jusquāĆ la lune.Ā Ā»
SourcesĀ : Le Point ā Europe 1 ā TIME
- Illustration : Le data center de Google