La branche nord du Gulf Stream s’est intensifiée au cours des 100 dernières années

Gulf Stream
Crédits : NASA.

Selon de récents travaux dirigés par le Bjerknes Centre for Climate Research (Norvège), la partie du Gulf Stream qui prolonge le transport de chaleur vers les mers nordiques s’est intensifiée au cours des cent dernières années. Les résultats ont été publiés en accès libre dans la revue Reviews of Geophysics.

Pour arriver à ces conclusions, les chercheurs ont recoupé et synthétisé six jeux de données climatiques dont les plus anciens démarrent en 1900. Avec l’aide d’un modèle océanique, ils ont ensuite déterminé comment les transports et les échanges de chaleur ont évolué depuis lors.

Une hausse surprenante du volume d’eau transporté par le prolongement nordique du Gulf Stream

Avec le réchauffement climatique et le recul accéléré des glaces à partir des années 1970, les scientifiques s’attendaient à voir des changements notables dans les flux de chaleur. Néanmoins, les résultats obtenus quant au débit des courants océaniques n’ont pas manqué de les surprendre. « Il était étonnant de trouver des résultats aussi cohérents montrant une croissance constante, ce qui signifie que l’extension du Gulf Stream vers les mers nordiques s’est renforcée », rapporte à ce titre Lars H. Smedsrud, auteur principal de l’étude.

En effet, le volume d’eau transporté a augmenté d’environ un Sverdrup, c’est-à-dire un million de mètres cubes par seconde. La quantité de chaleur déplacée vers les mers nordiques, puis échangée avec l’atmosphère polaire a donc elle aussi augmenté. Les auteurs soulignent que ces données sont cohérentes avec le recul des glaces de mer qui place une surface d’eau croissante en contact avec l’atmosphère et avec un forçage accru du vent sur la même période.

Gulf Stream
Représentation schématique de l’extension nordique du Gulf Stream (Warm Atlantic Water), des échanges de chaleur et de gaz avec l’atmosphère (flèches rouge et orange, pertes de chaleur / flèches vertes, capture de CO2) ainsi que de la géographie régionale. Les courants froids et profonds sont présentés en bleu et violet. Enfin, les volumes d’eau transportés sont indiqués (en Sverdrup). Crédits : Lars H. Smedsrud & coll. 2021.

« Alors que nous nous attendions à une augmentation de la température, rien dans le réchauffement climatique ne suggère une augmentation du volume transporté », résume Lars H. Smedsrud. « Toutefois, cette augmentation est cohérente avec des vents plus forts et une diminution de la couverture de glace de mer. En outre, nous constatons une augmentation de la circulation océanique verticale et horizontale dans les mers nordiques et l’Arctique ».

Des effets antagonistes sur la circulation océanique de l’Atlantique Nord

Les chercheurs notent qu’avec la poursuite du réchauffement planétaire, la composante thermohaline de la circulation océanique de l’Atlantique Nord devrait de toute évidence s’affaiblir. « Cela affecterait le système du Gulf Stream, mais de nombreuses observations indiquent que la partie horizontale sera peu touchée en raison de la diminution de la couverture de glace de mer et de l’augmentation de la perte de chaleur vers l’atmosphère », rapporte l’auteur principal de ces travaux. Pour plus d’informations à ce sujet, vous pouvez consulter notre article dédié.