Intelligence artificielle, bientôt la fin des examens scolaires ?

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Décrié, coûteux et pas forcément représentatif des compétences et du processus de pensée, l’examen scolaire standardisé pourrait disparaître à terme au profit d’une intelligence artificielle permettant une évaluation constante des progrès réalisés.

L’éducation s’essouffle et les systèmes mis en place pour évaluer les connaissances, qu’il s’agisse de contrôles ponctuels ou d’examens standardisés, sont régulièrement soumis aux critiques. Non seulement ils sont très coûteux, mais ces examens apprennent à ceux qui y sons soumis à « réussir » un test à un instant T plutôt que d’évaluer le processus de pensée, la créativité et la pensée critique à long terme.

Comme l’écrit Motherboard, ces examens sont là pour « certifier le bagage acquis par un individu durant des années et des années passées sous la responsabilité de l’école. L’éducation coûte cher, très cher à l’État et les citoyens attendent d’elles qu’elle puisse prouver qu’elle a ‘servi à quelque chose’ d’une manière ou d’une autre« .

Dans la revue Nature Human Behavior, Rose Luckin, chercheuse en sciences de l’éducation au University College London, explique qu’une réelle alternative existe désormais : une sorte de contrôle continu individualisé permettant l’évaluation constante de la progression et des compétences. Il s’agit de l’intelligence artificielle baptisée AIAssess développée à l’UCL Knowledge Lab.

« L’IA a aujourd’hui des applications larges et extrêmement générales. Elle est partout. Nous lui confions nos données personnelles, médicales et financières sans rechigner, alors pourquoi ne pas lui confier nos enfants ? Elle est parfaite pour évaluer leurs connaissances et la subtilité de leur compréhension des programmes scolaires« , écrit la chercheuse. « Les techniques utilisées en IA telles que la modélisation et l’apprentissage automatique sont appliquées au cadre pédagogique afin que l’IA puisse évaluer l’élève sur un point précis ou dans une matière donnée« , ajoute-t-elle.

AIAssess propose aux étudiants des activités suivant une progression permettant d’évaluer et de développer leurs connaissances conceptuelles incluant « la connaissance de l’objet étudié, la perception métacognitive de l’étudiant et sa connaissance de ses propres atouts et faiblesses« . Cette IA se découpe en deux points. Il y a d’abord un corpus intégré de connaissances, une sorte de banque d’informations qui peut être utilisée par l’étudiant pour trouver la bonne réponse par lui-même. Cela permet une bonne évaluation du travail fourni par l’élève. Ensuite, un modèle qui permet de décrire les étudiants de manière individuelle et capable d’analyser la manière dont un étudiant spécifique apprend pour prédire son potentiel.

La chercheuse explique qu’instaurer un tel système au Royaume-Uni coûterait par exemple quelque 600 millions de dollars, soit moins cher que le système d’évaluation standard utilisé actuellement. Mais elle est également consciente des questions éthiques posées par un tel système. « Les questions éthiques liées à l’IA sont délicates et deviennent d’autant plus épineuses lorsque l’éducation des jeunes entre en jeu. Le partage des données suscite une multitude de questions portant sur la vie privée, la propriété intellectuelle et la propriété tout court. Si nous voulons créer des systèmes d’évaluation par IA susceptibles d’être acceptés et adoptés par les étudiants, les enseignants et les parents, il faudra une collaboration étroite entre éducateurs et développeurs afin de définir des normes qui facilitent le partage des données tout en garantissant le respect de contraintes éthiques« , écrit-elle. Sans compter les questions politiques…