Selon une étude récente menée aux États-Unis, les périodes de manque de sommeil et de veille nocturnes sont un facteur d’augmentation des risques de suicide et d’homicide. Pour les auteurs de ces travaux, un sommeil perturbé peut en effet altérer de manière aiguë la pensée rationnelle.
Les insomnies induisent une altération de la pensée rationnelle
Ce n’est pas un scoop : le phénomène d’insomnie est préoccupant. En mars 2024, une étude démontrait par exemple que seulement deux nuits sans sommeil suffisaient à faire se sentir plus vieux que son âge. En réalité, les principales craintes concernent les effets néfastes sur la santé. Des recherches publiées dans le Journal of Clinical Psychiatry le 29 mai 2024 soulignent quant à elles des risques accrus de suicide et d’homicide. Des chercheurs de l’Université de l’Arizona (États-Unis) ont en effet analysé des données sur une période de quinze ans. Leur conclusion ? Pas moins de 19 % des suicides et 36 % des homicides se produisent la nuit. Or, l’étude montre que le risque de suicide est multiplié par quatre et celui d’homicide par huit entre deux heures et trois heures du matin.
Selon les auteurs, un sommeil perturbé peut altérer de manière aiguë la pensée rationnelle, ce qui peut susciter des comportements impulsifs chez les individus vulnérables. Ainsi, les chercheurs ont évoqué une notion particulière : « l’esprit d’après minuit », un terreau idéal pour une dégradation des fonctions complexes de prise de décision du cerveau et une réduction de la capacité à penser de façon normale. Autrement dit, nous sommes plus enclins à prendre des décisions imprudentes ou impulsives dans cet état puisque l’évaluation des risques et des récompenses est altérée.
Vers de nouvelles campagnes de sensibilisation ?
L’étude évoque un risque plus important de comportement violent chez les adolescents et les jeunes adultes, ainsi que chez les personnes sous l’emprise de l’alcool ou encore qui subissent des conflits de couple. De plus, les personnes de la tranche 15-24 ans sont concernées par un risque de suicide nocturne trois fois plus élevé que la moyenne. En ce qui concerne les adultes, le risque de suicide est cette fois plus important vers six heures du matin. En revanche, le risque d’homicide ne change pas en fonction de l’âge.
Pour les auteurs, ces risques spécifiques en lien aux insomnies étaient jusqu’ici sous-estimés. Ainsi, ils préconisent de nouvelles recherches afin de mieux comprendre les mécanismes cérébraux à l’œuvre. Cela pourrait donner l’occasion de revoir les interventions pour améliorer le sommeil afin de tenter de réduire les incidents de violence nocturne. Il serait également éventuellement possible de mettre en place des campagnes de sensibilisation incluant cette corrélation entre insomnie et violence nocturne.