Inondations : la digue, source d’un faux sentiment de sécurité ?

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Crédits : Jean-Luc Ichard / iStock

Depuis longtemps, de nombreux pays construisent des murs de plus en plus hauts pour lutter contre les inondations et les submersions marines. Toutefois, ces murs devraient être seulement des solutions temporaires, surtout avec l’accélération du changement climatique.

La digue face aux inondations

Chaque année, des milliers de personnes perdent la vie dans des inondations, des catastrophes qui causent également des pertes économiques énormes. En 2022, une infographie et une étude ont permis de lister les pays les plus vulnérables, notamment les Pays-Bas, le Bangladesh, le Vietnam, l’Égypte et la Birmanie. Un autre symbole fort de ce risque est que l’Indonésie est actuellement en train de déplacer sa capitale.

Pour faire obstacle aux inondations, de nombreuses cités se parent de digues, des ouvrages d’ingénierie très communément utilisés aux abords fluviaux et maritimes. Toutefois, un article publié par Novethic le 24 octobre 2023 utilise le terme « maladaptation » pour les qualifier. Interrogé sur le sujet, Vincent Viguié, chercheur en économie de l’adaptation au changement climatique au CIRED, estime même que cette « solution » peut aggraver le problème. Par exemple, endiguer une rivière peut augmenter les risques de crue en aval.

Il faut dire que dans certains pays, ce type de construction est très présent. C’est notamment le cas en France où les digues équipent une commune sur deux sur une longueur totale cumulée de 9 000 km. Dans le sud de Manhattan (New York), les autorités ont également déjà construit 4 km de digues. Or dans l’idéal, elles ne devraient jamais être la seule solution pour prévenir les inondations.

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Crédits : Toru Kimura / iStock

D’autres solutions possibles

Se baser simplement sur la construction de digues peut avoir des effets pervers. Alors que les prévisions concernant le changement climatique sont souvent incertaines, il y a de fortes chances que ces mêmes digues doivent être rehaussées. Ainsi, les coûts pour les communautés seront très élevés. Soulignons également certains impacts collatéraux comme l’érosion des sols et les risques accrus de rupture. Or, les experts peinent à trouver d’autres solutions, alors que de plus en plus de personnes s’installent sur les littoraux.

L’un des remèdes possibles est pourtant à l’opposé de la construction de digues : la relocalisation. Néanmoins, comme l’explique Adrien Privat, Responsable de mission Interface Terre-Mer au sein du Conservatoire du littoral, « on voit bien à quel point la relocalisation d’une ville comme New York, où l’attachement à la propriété est très fort, va être compliquée dans une société démocratique. C’est aussi le cas dans des petits hameaux sur le littoral français, plusieurs fois inondés. Il a fallu du temps pour faire accepter aux populations cette solution« 

Dans un premier temps, certains experts préconisent de réduire les facteurs d’exposition dans les zones à risques. Cela implique de limiter les nouvelles implantations et d’interdire les nouvelles constructions, même dans des zones pouvant être attractives, notamment sur le plan foncier. Un autre moyen existe, à savoir construire des bâtiments plus résilients. Il peut par exemple s’agir d’immeubles flottants, d’installations de passerelles entre les bâtiments pour faciliter les évacuations ou encore de privilégier les rez-de-chaussée dépourvus de matériel sensible.

De toute manière, de nombreux spécialistes s’accordent pour dire que le réchauffement climatique forcera les populations à céder de plus en plus de terrain, principalement au niveau des côtes, et les digues n’y pourront finalement rien.