Dans une récente étude, des chercheurs chinois ont déclaré avoir possiblement mis au point l’ordinateur le plus rapide du monde. Baptisée Jiuzhang, cette machine serait 10 milliards de fois plus puissante que le processeur de Google. Et pourtant, la firme étasunienne avait déclaré avoir atteint la « suprématie quantique » en 2019.
À la course au meilleur processeur
Nous sommes encore à des années-lumière d’une démocratisation des ordinateurs quantiques. Néanmoins, les recherches avancent rapidement et devraient à terme faire de ce type de machine l’avenir de l’informatique. Aujourd’hui, ces ordinateurs sont rares mais trouvent pourtant leurs applications dans des secteurs très variés tels que la recherche scientifique, la finance, la cryptographie ou encore le développement des voitures autonomes. Depuis quelques années, la création du processeur le plus performant possible fait l’objet d’une concurrence féroce entre deux géants étasuniens : Google et IBM.
Néanmoins, des chercheurs chinois ont récemment perturbé le déroulement de ce duel de titans. Dans une étude publiée dans Science le 3 décembre 2020, une équipe de l’Université de sciences et technologie de Chine (USTC) a dévoilé la « victoire » de Juizhang, son champion (voir vidéo en fin d’article). Selon eux, leur processeur est 10 milliards de fois plus puissant que celui de l’ordinateur quantique Sycamore de Google. Dévoilé en 2019, ce dernier avait permis à la firme de déclarer sa « suprématie quantique ».
« Bien que Jiuzhang et Sycamore soient conçus pour traiter des tâches différentes, la vitesse de calcul peut être considérée comme l’indicateur de progrès le plus important. Dans le monde du kung-fu, la vitesse définit le vainqueur », a déclaré Chaoyang Lu, codirecteur de l’étude.
Des performances inégalées
Entre les processeurs du Sycamore et le Juizhang, il existe plusieurs différences structurales. Le premier repose sur des matériaux supraconducteurs, et le second sur des circuits optiques. Ces circuits optiques permettent un protocole particulier : l’échantillonnage de bosons (GBS). Il s’agit ici d’un parallèle de photons que l’on envoie dans une sorte un labyrinthe de prismes et de miroirs. Ensuite, on mesure la distribution de chaque photon en fin de parcours.
Toujours selon les chercheurs, le processeur quantique de l’ordinateur Jiuzhang afficherait des performances inégalées. Le meilleur superordinateur chinois aurait besoin de 2,5 milliards d’années pour calculer les résultats de cette opération avec des résultats similaires ! Dans le cas de Jiuzhang, seules trois minutes suffisent. Avec cet ordinateur, la Chine entend bien rappeler au monde être à la pointe dans le domaine de l’internet quantique. Ceci n’est d’ailleurs pas étonnant dans la mesure où le gouvernement a fourni aux chercheurs des moyens à la hauteur de ses ambitions : 8 milliards d’euros.