Surexploitation des ressources halieutiques, importantes émissions de CO2 et fragilisation des écosystèmes, voici les impacts du chalut de fond, une technique de pêche. Une infographie permet de comprendre les coulisses de cette méthode très controversée.
Une nouvelle étude sur le chalut de fond
Aujourd’hui, la pêche industrielle concerne plus de la moitié des océans. Parmi ses impacts les plus notables, nous retrouvons la surexploitation des stocks de poissons, une situation qui a créé beaucoup de tensions France en 2019. Il existe plus particulièrement une technique de pêche qui attise toutes les craintes : le chalut de fond (ou chalutage de fond). Cette méthode consiste à traîner des filets lestés sur le fond marin afin de ramasser les fruits de mer et certains poissons de fond tels que le flétan, la plie et la plie.
Outre la surexploitation des ressources halieutiques, d’autres impacts sont à souligner comme les émissions de CO2, l’abrasion des fonds marins ou encore la rentabilité et la création d’emplois. Ces notions ont été évaluées par l’ONG Bloom dans une étude publiée le 24 janvier 2024, dont les résultats ont été résumés le 2 février dans une infographie parue sur le site Novethic (voir en fin d’article).
L’état actuel de la situation
Cette étude menée par l’Institut Agro, AgroParisTech et l’EHESS-CNRS a placé le chalutage de fond en tête du classement des techniques les plus néfastes pour l’environnement. Les navires qui exercent cette technique seraient en effet responsables de près de 1 % des émissions totales de CO2, soit environ 340 millions de tonnes de CO2 par an. Il faut dire qu’en raclant les fonds marins, les chalutiers libèrent le dioxyde de carbone que contiennent les sédiments. Selon les évaluations, 55 % du CO2 des fonds marins pourraient être relâchés dans l’atmosphère d’ici une décennie seulement. Du côté de la biodiversité, le constat n’est pas plus glorieux. Le chalut de fond affiche en effet un taux de plus de 50 % de captures juvéniles, autrement dit des poissons attrapés avant leur maturité sexuelle. Cela représente donc un danger pour le renouvellement naturel des écosystèmes.
Malgré tous ces impacts négatifs, le chalutage de fond reçoit des subventions publiques très significatives, alors que la priorité devrait être l’adoption de pratiques plus respectueuses de l’environnement. De plus, cette méthode crée deux à trois fois moins d’emplois que les arts traînants (ou arts dormants), une technique aux impacts plus faibles qui utilise des engins immobiles ou en dérive dans lesquels les poissons viennent se piéger.
Enfin, il faut savoir qu’en début d’année 2023, la Commission européenne avait soumis un plan d’action dont l’un des objectifs était d’interdire les chalutiers de fond dans les aires marines protégées d’ici à 2030. Cependant, les eurodéputés ont favorisé la rédaction d’un rapport par la Commission de la pêche du Parlement ou détriment de la proposition de la Commission européenne en janvier 2024. Pour certains observateurs, cette décision entrave la lutte contre les méthodes de pêche destructrice et contredit les normes internationales en matière d’aires marines protégées.
Voici l’infographie publiée par Novethic :