Pour la première fois, des chercheurs ont démontré que les microplastiques, dont on sait maintenant qu’ils sont sensiblement présents dans l’air, avaient un impact perceptible sur le climat mondial. Les résultats ont été publiés dans la revue Nature le 20 octobre 2021.
Les microparticules de plastique sont à l’origine d’une pollution d’échelle planétaire avec des conséquences multiples et encore mal évaluées sur l’environnement et la santé humaine. Surfaces continentales, océans, glaces polaires, chaînes alimentaires terrestres et marines, ces particules produites par nos activités se sont répandues partout à la surface du globe.
L’impact climatique des microplastiques en suspension dans l’air
Et l’atmosphère ne fait bien sûr pas exception. Le contenu de l’air en microparticules de plastique a fortement augmenté au cours des dernières décennies. Bien que les conséquences sanitaires de cette évolution soient encore incertaines, des chercheurs ont démontré que le climat mondial réagissait d’ores et déjà à leur présence.
En effet, en interagissant avec le rayonnement solaire incident et le rayonnement infrarouge émis vers l’espace par la Terre, les particules modifient le bilan radiatif du système climatique. Dans leur papier, les scientifiques rapportent que l’impact est pour le moment faible avec une légère domination de l’effet de réflexion du rayonnement solaire. Les microplastiques en suspension dans l’air ont ainsi un léger effet refroidissant.
« Nous avons étudié comment les fragments et les fibres, deux types de microplastiques que l’on trouve couramment dans l’atmosphère, interagissent avec la lumière et avons intégré ces informations dans un modèle climatique mondial pour calculer l’impact global sur le climat de la Terre », détaille Laura Revell, auteure principale de l’étude. « Sur la base de nos hypothèses, qui ont été tirées du nombre limité d’études sur les microplastiques en suspension dans l’air à ce jour, l’impact sur le climat est actuellement faible, comme prévu ».
Une perturbation climatique appelée à croître
Toutefois, l’importante augmentation de leur concentration dans l’atmosphère prévue au cours des prochaines décennies laisse penser que leur influence sur le bilan radiatif ira en grandissant. De plus, comme ces particules sont facilement distribuées autour du globe par les vents, le forçage climatique associé est relativement homogène par rapport aux autres types d’aérosols. Il s’agit donc d’un effet moins puissant, mais plus global que celui des particules de sulfates ou de noir de carbone par exemple.
« Étant donné que le plastique se dégrade avec l’âge et l’exposition à la lumière UV pour produire des microplastiques secondaires, nous nous attendons à ce que les microplastiques soient présents dans l’atmosphère pendant de nombreuses années à venir », avertissent les auteurs dans leur papier. « Sans de sérieuses tentatives de refonte des pratiques de production du plastique et de la gestion des déchets, l’abondance et le forçage climatique des microplastiques en suspension dans l’air continueront à augmenter ».
Enfin, des questions se posent quant à savoir si la surface des particules sert de support efficace aux réactions chimiques et à la formation des nuages, ce qui amènerait des impacts climatiques supplémentaires. Aussi, de futures recherches sont nécessaires, non seulement pour confirmer et préciser les résultats obtenus, mais également pour explorer les nouvelles pistes ainsi ouvertes.