SLIM Japon Lune
Crédits : photofxs68/istock

L’Inde veut rapporter des échantillons du pôle sud lunaire

À travers l’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO), l’Inde continue d’élever son statut dans le domaine de l’exploration spatiale avec l’annonce de sa mission Chandrayaan-4, prévue pour 2028. Cette mission audacieuse vise à collecter des échantillons lunaires dans une région riche en glace d’eau près du pôle sud de la Lune. Alors que les États-Unis et la Russie ont déjà réalisé ce défi dans le passé, l’Inde s’engage à surmonter les obstacles techniques et financiers pour faire son retour sur notre satellite naturel.

Un retour aux origines de l’exploration lunaire

L’exploration de la Lune n’est pas un concept nouveau. Des missions emblématiques des États-Unis, comme Apollo 11, et de l’Union soviétique, ont ouvert la voie à une meilleure compréhension de notre satellite. Aujourd’hui, alors que l’intérêt pour la Lune renaît, de nombreuses nations, y compris l’Inde, s’efforcent de tirer parti des avancées technologiques et des découvertes passées. Avec Chandrayaan-4, l’ISRO vise non seulement à rapporter des échantillons, mais également à réaliser des avancées significatives dans l’exploration scientifique et technologique.

Chandrayaan-4 se concentrera sur la collecte d’environ trois kilos d’échantillons lunaires, principalement dans une zone près du pôle sud où des ressources comme la glace d’eau pourraient avoir des implications cruciales pour l’avenir de l’exploration spatiale. Le coût de cette mission a été estimé à 21 milliards de roupies, soit environ 230 millions d’euros, ce qui souligne l’engagement du gouvernement indien à soutenir son programme spatial.

Une mission complexe avec des technologies innovantes

La mission Chandrayaan-4 impliquera plusieurs modules spatiaux qui nécessiteront deux lancements de la fusée la plus puissante de l’ISRO, la LVM-3. Le premier lancement transportera un atterrisseur et un véhicule ascensionnel conçu pour collecter des échantillons. Le deuxième lancement emportera quant à lui un module de transfert et un module de rentrée. Ce dernier jouera un rôle crucial en rapportant les échantillons vers la Terre après que le véhicule ascensionnel les aura collectés.

Pour garantir le succès de la mission, l’ISRO développe également des technologies locales telles qu’un bras robotisé pour le prélèvement d’échantillons et un mécanisme de forage capable d’extraire des matériaux à quelques mètres sous la surface lunaire. De plus, l’ISRO prévoit une expérience d’amarrage spatial baptisée SPADEX pour s’assurer que deux engins spatiaux peuvent s’amarrer en orbite lunaire, une tâche essentielle pour le bon déroulement de la mission.

pôle sud lune Inde
Une image du pôle sud lunaire telle qu’observée par la sonde spatiale Clementine de la NASA en 1996. Crédits : NASA/JPL/USGS

De grandes ambitions

Chandrayaan-4 ne sera pas la seule mission lunaire indienne dans les années à venir. L’Organisation indienne de recherche spatiale (ISRO) a également prévu la mission Chandrayaan-5 qui marquera une étape importante dans la collaboration internationale en matière d’exploration spatiale. Ce projet sera réalisé en partenariat avec l’agence spatiale japonaise JAXA. Chandrayaan-5 inclura un rover de 350 kg, nettement plus lourd que le Pragyan de 27 kg utilisé lors de Chandrayaan-3. Ce rover sera équipé de technologies avancées pour permettre une exploration plus approfondie de la surface lunaire.

La collaboration avec le Japon ne se limite pas seulement à l’augmentation de la masse et des capacités du rover. Elle représente également une opportunité pour l’ISRO et JAXA de partager leurs expertises respectives. En combinant les forces de deux pays avec des histoires d’exploration spatiale distinctes, ces missions pourront bénéficier de connaissances techniques variées ainsi que d’une approche conjointe pour surmonter les défis inhérents à l’exploration lunaire. Ce type de coopération est essentiel dans un domaine où les risques sont élevés et où chaque nouvelle mission peut offrir des leçons précieuses pour les futures explorations.

En plus de Chandrayaan-5, l’ISRO envisage de faire atterrir des astronautes sur la Lune d’ici 2040, un défi qui nécessite une préparation méticuleuse et le développement de nouvelles technologies. L’envoi d’astronautes sur la Lune n’est pas qu’une question de prouesse technique ; cela implique également de développer des infrastructures, des systèmes de vie et des stratégies de sécurité. L’ISRO devra donc travailler sur plusieurs fronts.

Enfin, à plus long terme, le pays aimerait établir une base lunaire avant 2050. Un tel projet offrirait non seulement une plateforme pour des recherches scientifiques avancées, mais pourrait également servir de point de départ pour des missions vers Mars et au-delà.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.