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Crédits : Suprabhat Dutta / iStock

Inde : le Gange, l’un des fleuves les plus pollués au monde

Les sept rivières sacrées de la culture hindoue sont la Yamunâ, la Sarasvati, l’Indus, la Godâvarî, la Narmadâ, la Kâverî et bien sûr l’inévitable Gange. Ce dernier alimente un tiers de la population de l’Inde et de très nombreux pèlerins s’y rendent chaque année. Toutefois, ce fleuve est l’un des plus pollués au monde.

Un fleuve sacré et utile, mais très pollué

Fort d’un bassin qui recouvre pas moins de 907 000 km², le Gange est un fleuve du nord de l’Inde dont la longueur varie entre 2 500 et 3 000 km. Avec ses nombreux affluents, cette rivière alimente environ 600 millions d’habitants et contribue au PIB du pays à hauteur de 40 %. Le Gange est très utilisé dans l’agriculture (pour l’irrigation), mais représente également une ressource importante pour produire de l’hydroélectricité. Considéré comme sacré par les hindous, ce fleuve est surtout perçu comme étant « l’ultime vérité », autrement dit l’ultime réalité au sens spirituel. Et pour cause, la légende raconte que le dieu Shiva tient la source du fleuve dans ses cheveux. En s’y immergeant, les pèlerins tentent ainsi de se libérer de leurs péchés.

Malheureusement, le Gange se distingue aussi par une pollution massive, comme l’explique l’ONU dans une publication des Initiatives pour l’Avenir des Grands Fleuves (IAGF). Faisant partie des dix fleuves les plus menacés au monde, le Gange fait l’objet d’importantes pressions écologiques. Le fleuve contient une quantité incalculable de déchets plastiques, de déchets industriels, de rejets de pesticides et de déjections humaines si bien que par endroits, aucune flore ni faune ne peut survivre. Le Gange atteint aussi la santé humaine : mortalité infantile élevée, choléra, typhoïde ou encore, hépatite A, des maux touchants plus de 30 millions de personnes chaque année.

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Le Gange traversant la ville de Varanasi. Crédits : Babasteve / Wikimedia Commons

L’Inde veut sauver le Gange

Il y a environ six mois, l’Inde est devenue le pays le plus peuplé au monde devant la Chine. Or, les systèmes d’assainissement du pays n’ont pas attendu cette nouvelle pour accuser un sérieux retard. Néanmoins, le Premier ministre Narendra Modi a lancé peu après sa prise de fonction en 2014 un vaste plan d’infrastructures dans le but de nettoyer le Gange : le Namami Gange. Seulement, voilà, le doute est permis, car les gouvernements successifs depuis 1980 ont chacun tenté des projets similaires. Or, aucun n’a réellement abouti en raison d’une mauvaise gestion et de potentielles affaires de corruption.

Le projet Namami Gange a jusqu’à aujourd’hui coûté près de quatre milliards de dollars pour des actions concernant notamment la ville sacrée de Varanasi où se trouvent deux affluents du Gange : l’Assi et la Varuna. Au total, le projet du gouvernement devrait construire 5 211 km de conduites d’égouts et 170 nouvelles infrastructures d’épuration des eaux usées un peu partout autour du fleuve.

Le projet Namami Gange ne peut toutefois pas se suffire à lui-même. D’autres actions sont donc menées comme des annonces publiques et des campagnes publicitaires afin de sensibiliser la population au sujet de la pollution des rivières et de la défécation en plein air. Citons également l’adoption de lois interdisant certains plastiques ou encore obligeant à la construction de centaines de toilettes publiques raccordées aux nouveaux égouts.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.