Visiblement en lien avec les activités humaines, l’hécatombe qui touche de plein fouet les tortues de mer dans l’océan Indien laisse planer un risque de déséquilibre de l’écosystème marin. Récemment, plus de 400 d’entre elles se sont en effet échouées sur les côtes indiennes, un incident d’ampleur qui ne s’était pas produit depuis plus d’une vingtaine d’années.
Les activités de pêche pointées du doigt
Comme l’expliquait AP News le 17 janvier 2025, plus de 400 tortues de mer ont été retrouvées sur le littoral indien en deux semaines, près de la ville de Chennai. Il s’agit ici de tortues olivâtres (Lepidochelys olivacea), une espèce classée vulnérable. Si le dernier incident de cette ampleur remonte à une vingtaine d’années, il faut tout de même savoir qu’habituellement, la ville de Chennai recense déjà la mort de 100 à 200 de ces tortues chaque année. Or, cette moyenne pourrait exploser en 2025, car le nombre de 200 a déjà été dépassé sur les deux premières semaines de l’année.
Mais comment et pourquoi ces reptiles ont-ils perdu la vie ? Selon certains experts, notamment du Students Sea Turtles Conservation Network de Chennai et de l’ONG ReefWatch, les tortues se sont probablement noyées après une capture involontaire par des chalutiers. Prisonnières des filets, les tortues ne peuvent en effet plus remonter à la surface pour respirer.
En 2016, le gouvernement indien avait pourtant interdit la pose de filets géants à moins de cinq milles nautiques, soit 9,26 kilomètres, du littoral durant la période de nidification des tortues. De plus, les pêcheurs avaient pour obligation d’utiliser des dispositifs d’exclusion des tortues qui leur permettent d’échapper aux filets. Néanmoins, ce type de dispositif n’a jamais été réellement utilisé, car il implique une baisse des prises de poissons.

La raréfaction des nids de tortues sur les plages
L’hécatombe de tortues olivâtres est aussi et surtout le résultat d’une baisse importante du nombre de nids sur les plages indiennes. La reproduction des reptiles est donc très difficile, un phénomène en lien avec plusieurs éléments comme l’intensification de l’activité humaine sur les littoraux, la pollution lumineuse ainsi que l’augmentation des températures. Or, lorsque l’on considère que 500 000 tortues pondent sur ces plages et que seulement 1 sur 1 000 atteindra l’âge adulte pour se reproduire, la raréfaction des sites de ponte est très préoccupante.
Enfin, les experts estiment qu’une disparition des tortues olivâtres pourrait avoir de sérieuses conséquences sur les écosystèmes, principalement en raison de leur rôle au sein de la chaine alimentaire. En effet, la méduse est l’une des principales sources de nourriture des tortues et en l’absence des reptiles, elle pourrait proliférer massivement au point de mettre en péril l’équilibre marin.