volcan vertébrés
Crédits : adrian gallardo/istock

Incroyablement, des souris prospèrent à plus de 6 700 mètres d’altitude

La présence de souris momifiées trouvées en haut des volcans d’Amérique du Sud a longtemps laissé penser que des rongeurs se nourrissaient sur des sommets atteignant plus de 6 000 mètres. Il s’avère que des souris vivent en ce moment même à ces hauteurs extrêmes. Ces nouvelles découvertes remettent en question ce que l’on pensait être les limites de la vie animale à de telles altitudes.

Des souris momifiées à plus de 6 000 mètres

Pendant de nombreuses années, des scientifiques ont trouvé des souris momifiées sur les sommets des volcans des Andes. Ces découvertes intriguaient et soulevaient des questions sur les raisons de leur présence. Selon une hypothèse, ces souris étaient liées aux civilisations anciennes, en particulier les Incas, et auraient pu être utilisées dans des rituels sacrificiels ou religieux.

Une autre idée suggérait que la présence de ces rongeurs à de telles altitudes était naturelle. Cependant, les chercheurs n’étaient pas certains de la façon dont ils étaient arrivés là-haut. L’hypothèse faisant le plus consensus était que ces animaux vivaient à des altitudes inférieures et qu’ils avaient été transportés par des courants d’air ou par d’autres moyens jusqu’au sommet des volcans. Les conditions froides et sèches locales auraient ensuite favorisé le processus de momification.

Par la suite, en datant les souris momifiées, des chercheurs avaient finalement découvert que même les spécimens les plus anciens n’étaient âgés que de quelques siècles. Cette révélation exclut l’hypothèse de leur transport par les Incas, car ces souris momifiées sont bien plus jeunes que cette civilisation. Cela signifie donc que leur présence est probablement d’origine naturelle, ce qui remet en question l’idée qu’elles étaient utilisées dans des rituels sacrificiels.

Les chercheurs ont ensuite concentré leurs efforts sur la compréhension de la manière dont ces souris vivaient à de telles altitudes extrêmes, ce qui a conduit à des découvertes surprenantes sur la capacité de ces petits mammifères à survivre dans des conditions hostiles en haute montagne.

Des rongeurs à plus de 6 700 mètres

En 2013, une équipe de chercheurs avait isolé la présence de souris vivantes à une altitude exceptionnelle de 6 205 mètres sur le volcan Llullaillaco, situé à la frontière entre l’Argentine et le Chili, dans la région des Andes. Il s’agissait à l’époque d’un nouveau record en termes d’altitude pour la présence de vertébrés. Cette découverte avait profondément bouleversé les connaissances existantes sur les limites de la vie animale en haute montagne.

Puis, en 2020, les chercheurs sont retournés sur le même volcan pour poursuivre leurs travaux. Cette fois-ci, ils ont réussi à capturer encore plus de souris vivantes (espèce Phyllotis vaccarum), y compris au sommet du volcan, à une altitude impressionnante de 6 739 mètres. Cette nouvelle découverte avait confirmé que ces petits mammifères étaient capables de prospérer à des altitudes auparavant considérées comme totalement inhospitalières pour les vertébrés.

Les altitudes extrêmes, telles que celles atteintes par ces souris, sont caractérisées par un manque de végétation due à des conditions climatiques sévères et par une concentration d’oxygène bien inférieure à celle que l’on trouve au niveau de la mer. Cette dernière caractéristique est particulièrement importante, car la plupart des mammifères ne peuvent survivre dans des environnements où l’oxygène est aussi rare.

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Une souris andine à oreilles feuille, Phyllotis vaccarum, évoluant à plus de 6 000 mètres. Marcial Quiroga-Carmona Crédits : JAY STORZ

Une espèce bien adaptée

Ainsi, ces souris auraient développé des adaptations spécifiques pour faire face à ces défis uniques.

Dans le cadre de travaux récents, une équipe a en effet comparé les génomes de ces souris vivant au-dessus de 6 000 mètres avec ceux des souris vivant à des altitudes plus basses. Bien que les différences génétiques soient légères, elles indiquent que les souris des hautes altitudes sont plus étroitement liées entre elles, renforçant l’idée qu’elles se reproduisent et résident à ces altitudes extrêmes.

De plus, les chercheurs expliquent avoir identifié plusieurs terriers de rongeurs à plus de 6 000 mètres d’altitude, confirmant ainsi le fait que ces souris sont des résidentes permanentes, et non simplement de passage.

Cependant, le mystère persiste quant à la manière dont ces souris se nourrissent et restent au chaud pour survivre dans ces environnements glaciaux. Les chercheurs espèrent résoudre ces énigmes en étudiant une colonie nouvellement établie au Chili.

Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Science.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.