Incendies records aux États-Unis : variabilité naturelle ou changement climatique ?

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Crédits : NASA Earth Observatory

Sinistres brasiers visibles depuis l’espace, territoires entiers rasés par les flammes, fumées plongeant villes et villages dans la pénombre… Les images des incendies qui ont dévasté l’Ouest américain ces dernières années ont fait le tour du monde. Une étude parue ce 9 novembre dans la revue PNAS revient sur la hausse d’activité des feux de forêt dans cette région du globe et sur ses principaux déterminants.

L’ouest des États-Unis a connu une très nette augmentation des incendies de grande ampleur au cours des dernières décennies. En effet, la surface moyenne de terres brûlées sur les états de la côte ouest est passée de 6840 km² entre 1984 et 2000 à plus de 13550 km² entre 2001 et 2018. Dans quelle mesure cette évolution est-elle liée au réchauffement global de la planète ?

Avant d’aborder la question, rappelons que la variable clé associée au risque de feux de forêt est le déficit en pression de vapeur. On peut dire qu’elle quantifie la capacité de l’air à retirer l’humidité des sols et de la végétation. Plus sa valeur est élevée, autrement dit plus l’air est chaud et sec, plus des incendies de grande ampleur sont susceptibles de se produire. Sans surprise, le déficit en pression de vapeur a augmenté sur tout l’Ouest américain depuis les années 1980 au moins.

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Surfaces brûlées (en centaine de milliers d’acres par an) en saison chaude pour la période 1984-2000 (A) et 2001-2018 (B). Le nombre de jours avec une forte anomalie positive de déficit en pression de vapeur pour ces périodes respectives figure en (C) et en (D). Crédits : Yizhou Zhuang & coll. 2021.

Entre changement climatique et variabilité naturelle, un jeu inégal

Selon les travaux menés par des chercheurs de l’Université de Californie à Los Angeles et du laboratoire national Lawrence Livermore (États-Unis), 68 % à 88 % de la tendance observée dans le déficit en pression de vapeur sur la période 1979-2020 sont attribuables au réchauffement climatique d’origine humaine. Les bornes inférieure et supérieure de l’estimation reposent respectivement sur une méthode statistique utilisant les données d’observation et sur les modèles climatiques de la dernière génération CMIP6. Les 32 % à 12 % restants sont quant à eux attribuables aux fluctuations naturelles des régimes de temps, une contribution qui n’est pas non plus négligeable.

« Nos résultats suggèrent que l’ouest des États-Unis semble avoir dépassé un seuil critique et que le réchauffement induit par l’homme est désormais plus responsable de l’augmentation du déficit de pression de vapeur que ne le sont les variations naturelles de la circulation atmosphérique », résume Rong Fu, un des coauteurs de l’étude. Si des années plus fraîches et humides peuvent et pourront encore apporter des répits transitoires, la tendance de fond est donc sans appel. « Notre analyse montre que ce changement s’est produit dès le début du 21e siècle, bien plus tôt qu’anticipé ».