Les donnĂ©es rĂ©coltĂ©es dans le cadre d’un programme de suivi climatique de l’Agence spatiale europĂ©enne indiquent qu’en Amazonie, la surface brĂ»lĂ©e par les feux en 2019 a Ă©tĂ© proche de la moyenne. Les soupçons d’une annĂ©e record ne sont donc pas confirmĂ©s. Le BrĂ©sil, qui fut pourtant montrĂ© du doigt, a par exemple connu une saison Ă peine supĂ©rieure Ă la norme. Et ce, contrairement Ă des pays comme la Bolivie ou le Venezuela.Â
Au cours de l’étĂ© dernier, un intĂ©rĂªt mĂ©diatique international s’est Ă©rigĂ© autour des incendies qui concernaient alors l’AmĂ©rique du sud. Les feux de forĂªts brĂ©siliens se sont tout particulièrement retrouvĂ©s sous le feu des projecteurs. En effet, les craintes de voir les premiers effets de la politique environnementale controversĂ©e de Jair Bolsonaro semblaient se confirmer de manière brutale.
2019 : plus de peur que de mal ?
De fait, des nouvelles alarmantes ont rĂ©gulièrement circulĂ© sur les rĂ©seaux sociaux et les chaĂ®nes d’informations. Toutefois, ces annonces – en plus dâ€™Ăªtre portĂ©es par l’émotion du moment – reposaient au mieux sur des estimations satellites prĂ©liminaires et incomplètes. Un bilan dĂ©taillĂ© basĂ© sur des mesures plus Ă©laborĂ©es montre qu’en rĂ©alitĂ©, la surface brĂ»lĂ©e par les feux a Ă©tĂ© globalement proche de la normale.Â
Les résultats ont été obtenus dans le cadre de la Climate Change Initiative portée par l’Agence spatiale européenne (ASE). Ils ont été publiés et détaillés dans la revue scientifique Remote Sensing le 2 janvier 2020. Selon le document, la superficie brûlée en Amérique du sud a été 70 % plus élevée en 2019 qu’en 2018. Toutefois, elle n’est que légèrement supérieure à la moyenne de la période 2001-2018. Des chiffres qui peuvent surprendre. Le côté atypique de la saison étant surtout dû à la présence de foyers dans des secteurs habituellement peu concernés.
« Ces rĂ©sultats sont particulièrement intĂ©ressants pour le BrĂ©sil. Lequel n’a connu qu’une augmentation de 1,7% de la superficie brĂ»lĂ©e en 2019 par rapport Ă la moyenne de long terme » lit-on dans le communiquĂ©. A contrario, la Bolivie et le Venezuela chiffrent une hausse de 51,4 % et 43,5 % respectivement. Enfin, la Colombie a quant Ă elle connu une diminution de 21,3 %.
Le besoin d’une bonne assise scientifique
Ce bilan rappelle que la production de donnĂ©es nĂ©cessaires pour asseoir une vision claire des choses demande un certain temps. Souvent quelques mois, parfois plusieurs annĂ©es. « Malheureusement, lorsque ces estimations plus prĂ©cises sont obtenues, l’intĂ©rĂªt des mĂ©dias a dĂ©jĂ diminuĂ© et les dĂ©bats publics ne sont donc pas toujours très bien informĂ©s » prĂ©cise le papier de l’ASE. En effet, rĂ©agir Ă chaud sur la base de donnĂ©es parcellaires peut desservir le discours scientifique. Voire alimenter des tensions sociales et/ou politiques oiseuses.
« Les dĂ©clarations du prĂ©sident français Emmanuel Macron ont initiĂ© une crise diplomatique entre la France et le BrĂ©sil, aggravĂ©e par l’inscription des incendies brĂ©siliens dans l’agenda de la rĂ©union du G-7 tenue Ă Biarritz en aoĂ»t 2019 » souligne Ă ce titre le document.
Cela Ă©tant dit, l’état de la forĂªt amazonienne n’est pas reluisant pour autant. Bien que les soupçons d’une annĂ©e 2019 catastrophique ne soient pas confirmĂ©s, la poursuite de la dĂ©forestation, de l’expansion agricole et du changement climatique continue de la fragiliser très fortement. Aussi, de rĂ©cents rĂ©sultats ont montrĂ© que l’écosystème menace de devenir une source nette de carbone d’ici une quinzaine d’annĂ©es seulement. En conclusion, ni panique, ni relativisme. L’essentiel est bien de rester lucide face aux nombreux dĂ©fis qui se prĂ©sentent Ă nous, dès aujourd’hui et pour les dĂ©cennies Ă venir.
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