Quand les incendies détruisent la couche d’ozone

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Crédits : CC0 Public Domain.

Les mesures satellitaires des feux de forêt qui ont ravagé l’Australie au cours de l’été 2019-2020 ont permis de montrer l’impact qu’avaient les incendies de grande ampleur sur l’ozone stratosphérique. Les résultats ont été publiés dans la revue Science ce 17 mars.

Les feux de forêt ont des impacts multiples et différenciés sur notre environnement, ceux-ci pouvant être positifs ou au contraire négatifs. En termes de conséquences délétères, une équipe de chercheurs de l’Université de Waterloo (Canada) a mis en évidence la propension des incendies majeurs à détruire la couche d’ozone.

Une baisse généralisée de l’ozone dans l’hémisphère sud

En étudiant les données récoltées par le satellite ACE (Atmospheric Chemistry Experiment) de l’agence spatiale canadienne, les scientifiques ont trouvé que les incendies dévastateurs de l’été 2019-2020 en Australie avaient provoqué une diminution de l’ozone stratosphérique pendant plusieurs mois dans tout l’hémisphère sud.

Les panaches de fumée ont en effet pu atteindre de très hautes altitudes grâce aux virulentes ascendances émanant des puissants brasiers. Or, toute diminution du bouclier protecteur que constitue la couche d’ozone induit en contrepartie une augmentation de la quantité de rayons ultraviolets en mesure d’atteindre la surface de la Terre.

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Pyrocumulonimbus capturé en Nouvelle-Gales du Sud le 4 janvier 2020. Ces formations sont particulièrement efficaces à injecter des fumées en stratosphère. Crédits : Michael Thompson.

« Les incendies australiens ont injecté des particules de fumée acides en stratosphère, perturbant la chimie du chlore, de l’hydrogène et de l’azote qui régule l’ozone », explique Peter Bernath, auteur principal de l’étude. Les vents d’est typiques de l’été stratosphérique se sont chargés de distribuer le déficit à l’échelon hémisphérique. « Il s’agit de la première mesure à large échelle de la fumée, qui montre qu’elle convertit ces composés régulateurs d’ozone en composés plus réactifs qui détruisent l’ozone », ajoute le chercheur.

Un impact de moins en moins négligeable avec le changement climatique

Contrairement à la destruction de l’ozone consécutive aux émissions anthropiques de gaz halogénés, cette diminution est facilement réversible. En effet, au bout de quelques mois, une fois la stratosphère épurée des particules de fumée, la chimie de l’ozone retrouve son équilibre et la signature des incendies n’est plus perceptible.

Les chercheurs avertissent toutefois que si la fréquence des incendies de grande ampleur devait augmenter avec le réchauffement climatique, nous pourrions alors observer plus d’épisodes de diminution de l’ozone stratosphérique, que ce soit dans l’hémisphère sud ou dans l’hémisphère nord, donnant une dimension plus chronique au déficit associé.

Comme les modèles actuels ne prennent pas en compte ces interactions, les données présentées par les chercheurs fournissent des informations uniques sur la relation qui lie les incendies et l’ozone stratosphérique. « À mesure que le changement climatique augmente la fréquence des incendies de forêt majeurs, leurs effets sur le bilan mondial de l’ozone augmenteront », rapporte à ce titre l’étude dans son résumé.