Incendies, sécheresse et chaleur exceptionnels se poursuivent sur le continent australien en ce début janvier 2020. Ceci alors même que le pays vient de connaître son année la plus chaude et la plus sèche jamais enregistrée. En effet, 2019 a battu de très nombreux records. Notamment de septembre à décembre, mois au cours desquels la situation a dégénéré. Dans cet article, nous présentons quelques clés permettant de mieux comprendre la situation inédite en Australie.
Panaches incendiaires gigantesques, vastes étendues continentales prises dans les fumées, destructions d’habitats et de zones protégées, etc. Les images et chiffres témoignent de la gravité de la situation et animent l’actualité à l’international depuis plusieurs mois maintenant. Une actualité qui peut heurter la sensibilité, voire nourrir une certaine indignation.
Une conséquence du changement climatique ?
Aussi, la tentation est grande de faire un parallèle direct avec le réchauffement global et d’y voir une manifestation brutale de l’urgence climatique. Un écueil dont il faut se méfier car, à l’échelle d’un tel extrême, l’essentiel de l’explication tient à la configuration météorologique basse fréquence. On entend par « basse fréquence » une organisation de l’atmosphère à grande échelle sur des constantes de temps allant grosso modo du mois à la saison.
Dans cette optique, le changement climatique arrive comme un facteur aggravant qui augmente le risque de présence des canicules, sécheresses ou incendies extrêmes. On lira le 4e rapport du GIEC pour plus de précisions à ce sujet. Passons désormais à la présentation des deux facteurs météorologiques jugés déterminants dans l’apparition de l’extrême évoqué.
Le dipôle de l’océan Indien dans une phase très positive
L’un est un mode de variabilité naturelle des températures de l’océan Indien : l’IOD (acronyme anglais pour Indian Ocean Dipole). Depuis l’hiver 2019, l’IOD a basculé vers une phase positive marquée. Cette dernière s’exprime par des températures de surface de la mer (SST) anormalement élevées à l’ouest du bassin et anormalement basses à l’est.
Or, les anomalies chaudes s’associent à un surplus de pluie et les anomalies froides à un surplus de sécheresse. Dit autrement, l’Australie est passée sous l’influence d’un mouvement subsident de grande échelle très défavorable à la mise en place d’un régime pluvieux.
Une déstabilisation record du vortex antarctique
L’autre facteur est une déstabilisation très brutale du vortex stratosphérique austral en septembre dernier. Chaque année, ce tourbillon finit par disparaître à mesure que le soleil printanier réchauffe de plus en plus le pôle. Néanmoins, le printemps 2019 a connu une déstructuration explosive. Laquelle s’est ensuite propagée vers la surface en induisant un bouleversement de la circulation atmosphérique à l’échelle de l’hémisphère sud.
Plus précisément, une récurrence anticyclonique s’est installée sur l’Antarctique tandis qu’une ceinture dépressionnaire s’est consolidée plus au nord qu’à l’accoutumée. En particulier, un lobe de basses pressions a pris ancrage au sud de l’océan Indien, favorisant des vents d’ouest à nord-ouest sur le territoire australien. De tels vents déportent l’air surchauffé du désert vers les franges littorales sud et sud-est. Dans un contexte préalable de déficit pluvieux dû à l’IOD, la surchauffe a été majorée et les températures se sont facilement envolées. Ajoutés au vent sensible, les incendies ont pu s’en donner à cœur joie.
Pour l’instant, la situation n’est pas prévue s’améliorer de manière franche. Plusieurs remontées brûlantes et sèches sont encore attendues sur les zones déjà affligées par les événements des dernières semaines. La vague scélérate météorologique n’est donc pas encore terminée. Affaire à suivre.
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