Vie marine : vers une extinction digne de la crise Permien-Trias en cas d’inaction

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Crédits : CC0 Public Domain.

Si nous n’agissons pas rapidement pour limiter le réchauffement climatique, la quasi-totalité des espèces marines sera soumise à un risque élevé ou critique d’extinction d’ici à la fin du siècle. Aussi, il est encore temps d’agir pour éviter ces sombres perspectives. C’est du moins ce que rapporte une étude parue dans la revue Nature Climate Change ce 22 août.

C’est le genre de nouvelles qui nous surprend malheureusement de moins en moins. Nous savons tous que le monde du vivant est très durement touché par la pollution, le changement climatique, la déforestation et autres pratiques de surexploitation des ressources naturelles. Or, de nouveaux travaux révèlent qu’en cas de poursuite des émissions de gaz à effet de serre au rythme actuel, pas moins de 90 % des espèces marines seront à risque d’extinction d’ici à la fin du siècle.

Dans leur étude, l’équipe internationale de chercheurs a pris en compte quelque vingt-cinq mille espèces situées dans l’océan supérieur et la manière dont elles sont susceptibles de réagir à la hausse continue des températures de même qu’à l’acidification croissante des eaux. En effet, on rappelle qu’en plus de provoquer une accumulation de chaleur dans le système climatique, une partie du dioxyde de carbone (CO2) atmosphérique se dissout dans l’océan et diminue son pH.

Vers une hécatombe de la vie marine en cas d’inaction ou d’actions insuffisantes

Les résultats montrent qu’avec un réchauffement global de 3 °C à 5 °C, correspondant à une absence de régulation des émissions de gaz à effet de serre, 90 % des formes de vie marine seraient menacées de disparition. La bonne nouvelle est qu’avec un réchauffement global maintenu à 2 °C en adéquation avec les objectifs de l’accord de Paris sur le climat, le risque d’extinction serait fortement diminué pour la plupart des espèces étudiées. Ce scénario implique bien entendu une diminution rapide et profonde de nos émissions avec un net zéro atteint vers le milieu du siècle.

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Crédits : Wikimedia Commons.

Les formes de vie les plus exposées sont souvent celles qui expérimentent d’autres tensions telles que la surpêche. Il va sans dire qu’avec un tel effondrement de la vie marine, les sociétés humaines seraient très durement touchées, en particulier en ce qui concerne les populations et les économies qui dépendent très directement des ressources halieutiques. Pour ces pays à faibles revenus souvent situés dans le grand sud, la question de l’insécurité alimentaire se pose ainsi avec gravité.

Notons que si nous échouons à maintenir le climat à un niveau compatible avec les objectifs de l’accord de Paris, nous nous dirigerions vers la plus grande extinction d’espèces jamais connue sur Terre depuis le terrible épisode de la limite Permien-Trias qui a décimé plus de 95 % de la vie marine il y a 252 millions d’années. « Notre évaluation des risques climatiques peut aider à hiérarchiser les espèces et les écosystèmes vulnérables pour les efforts de conservation marine et de gestion des pêches », note l’étude dans son résumé.