L’impact climatique de l’aviation va au-delà des seules émissions de CO2

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Des travaux parus le 4 novembre 2021 dans la revue Environmental Research Letters précisent l’impact de l’aviation sur le climat. En outre, ils illustrent les évolutions possibles du secteur ces prochaines décennies et les efforts qui seraient nécessaires pour limiter la hausse des températures bien en dessous de 2 °C comme l’envisage l’accord de Paris.

Le secteur de l’aviation est connu pour être particulièrement difficile à décarboner. En effet, les dérivés du pétrole qui l’alimentent sont d’une efficacité et d’une simplicité d’utilisation redoutables que l’on imagine mal être substituées par des systèmes à batteries ou à hydrogène, du moins dans un avenir suffisamment proche pour espérer limiter l’augmentation des températures à un niveau raisonnable.

Quantifier la contribution de l’aviation au changement climatique

L’aviation contribue plus fortement au réchauffement de la planète que ne le laisserait penser le seul inventaire des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Et pour cause, les moteurs émettent des quantités non négligeables d’oxydes d’azote (NOx) et tendent par ailleurs à produire des traînées de condensation. Ces dernières forment une nébulosité d’altitude de type cirrus qui amène un supplément d’effet de serre en limitant la déperdition de chaleur terrestre vers l’espace.

En effectuant un bilan des impacts carbonés et non carbonés de l’aviation sur le climat, une équipe de chercheurs a estimé que le secteur aéronautique a jusqu’à présent contribué à hauteur de 4 % au réchauffement planétaire observé depuis 1850, ceci malgré une contribution de seulement 2,4 % aux émissions mondiales de CO2. Or, ces chiffres sont en hausse rapide. Aussi, au rythme actuel, l’aviation grignoterait à elle seule 17 % de la marge de température qu’il nous reste avant d’atteindre les 2 °C de réchauffement global.

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Représentation schématique des différents impacts du trafic aérien sur le climat. Crédits : D.S. Lee & coll. 2021.

Un besoin d’innover et de repenser le fonctionnement du secteur aéronautique

Dans leur papier, les auteurs indiquent que pour tenir l’objectif de l’accord de Paris, les émissions dues à l’aviation devraient baisser d’environ 2,5 % par an (avec carburants fossiles), mais que pour l’heure, aucun plan d’action crédible n’est mis sur la table. De fait, la perspective pour les trente prochaines années est plutôt à une poursuite de la tendance actuelle.

« Toute augmentation des émissions a un impact disproportionné, provoquant beaucoup de réchauffement », souligne, Myles Allen, coauteur de l’étude. « Néanmoins, toute baisse a également un impact disproportionné dans l’autre sens. La bonne nouvelle est donc que nous n’avons pas besoin d’arrêter de voler immédiatement pour empêcher l’aviation de provoquer un réchauffement supplémentaire, mais nous avons clairement besoin d’un changement de direction fondamental et d’une innovation radicale pour l’avenir ».

En évaluant les influences respectives des rejets de CO2, de NOx et des traînées de condensation, la présente étude espère éclairer les stratégies et plans futurs. Certaines pistes, comme le passage à des carburants alternatifs ou à une réglementation forte du ravitaillement, sont également discutées. « Une interdiction du ravitaillement en carburant, quand les avions transportent plus de carburant qu’ils n’en ont besoin et donc en consomment plus pour économiser le coût du ravitaillement à destination, réduirait les émissions de CO2 rien qu’en Europe de près d’un million de tonnes », note Simon Proud, coauteur du papier.