Faire des découvertes sur le comportement animal ou la biologie végétale par exemple peut désormais passer par une nouvelle discipline scientifique : l’imageomique. Aux États-Unis, une scientifique a récemment fait le point sur ce nouveau domaine d’expertise auquel tout le monde peut contribuer.
L’imageomique, une discipline arrivée à maturité
Aujourd’hui et depuis longtemps, de nombreux chercheurs s’interrogent sur diverses notions concernant le vivant : biologie végétale, fonctionnement des écosystèmes, comportement animal, etc. Or, lorsque ces notions sont étudiées sur la base de données visuelles, nous parlons d’imageomique, une discipline aujourd’hui en plein essor. Elle consiste à enrichir d’importantes bases de données photographiques qu’une intelligence artificielle va analyser pour obtenir des informations précieuses.
Tanya Berger Wolf, qui travaille pour le Translational Data Analytics Institute de l’Université d’État de l’Ohio (États-Unis), estime aujourd’hui que l’imageomique arrive à maturité et est désormais prête à faire ses premières découvertes. Dans un communiqué publié le 17 février 2024, elle a décrit le principal axe de recherche de la discipline. Ce dernier associe les phénotypes (les caractéristiques observables des êtres vivants) et la séquence d’ADN qui en est à l’origine.
Protéger les espèces menacées
Tanya Berger Wolf a notamment évoqué l’exemple des papillons. En effet, certaines espèces peuvent augmenter leurs chances de survie et de reproduction en étant capables de prendre l’apparence d’autres espèces que les prédateurs évitent, car elles sont connues pour leur toxicité. Or, si les prédateurs ont du mal à déceler la supercherie, les scientifiques qui étudient les papillons éprouvent tout autant de difficultés. Néanmoins, dans le cadre de l’imageomique, l’IA pourrait discerner les petites différences de couleur ou autres caractéristiques qui permettent d’identifier correctement les espèces.
Si les clichés qui alimentent l’IA proviennent habituellement de drones, de satellites et de pièges photos, il est également possible de faire participer tout le monde, avec par exemple des photos de vacances. En janvier 2024, le projet WildMe s’est notamment associé avec la société Conservation X Labs et comporte aujourd’hui dix-huit plateformes, chacune consacrée à un groupe d’espèces.
À terme, l’imageomique pourrait permettre de protéger les espèces animales menacées ainsi que leur habitat. Une étude pilotée par l’Université de Zurich (Suisse) et publiée dans l’African Journal of Ecology en novembre 2023 en donnait un exemple. En effet, la plateforme African Carnivore Wildbookan a permis de collecter des images concernant une zone de plus de 56 000 km². Des chercheurs ont ensuite utilisé ces documents pour déduire des schémas de déplacement et de dispersion des animaux sur une distance de plus de 200 km, mais également suivre certains individus pendant plusieurs années.