Il y a peu, une composition inédite de la nébuleuse de la Tarentule a été élaborée à l’aide d’images provenant de deux télescopes spatiaux. Le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat est tout à fait spectaculaire. Toutefois, il faut savoir que ce rendu croisé n’est pas seulement de toute beauté, puisqu’il revêt également un intérêt astronomique.
Une image d’une largeur de 350 années-lumière
La nébuleuse de la Tarentule (30 Doradus) se situe à 160 000 années-lumière de la Terre dans le Grand Nuage de Magellan. Elle n’est autre que la plus imposante et la plus brillante région de formation d’étoiles à proximité la Voie lactée. Il s’agit également d’une zone de la galaxie où le taux de naissance d’étoiles est le plus élevé.
En septembre 2022, le James Webb Telescope (JWT) nous offrait un regard sans précédent (voir ci-après) sur la nébuleuse de la Tarentule. L’observatoire avait alors présenté un cliché de la nébuleuse sur une largeur de 350 années-lumière, ce qui signifie que cette distance est si importante que la lumière a besoin de plus de trois siècles pour aller d’un bord à l’autre.
C’est grâce aux spécificités du télescope que la complexité de cette structure a pu être mise en évidence. Trois outils se sont montrés particulièrement utiles : une caméra pour l’infrarouge proche, un spectromètre œuvrant dans la même bande de fréquences, ainsi qu’un autre instrument agissant quant à lui dans l’infrarouge moyen.
Un regard croisé inédit
Le 9 janvier 2023, la NASA a dévoilé une nouvelle image de la nébuleuse de la Tarentule. Selon les responsables de l’agence, il s’agit ici d’un mélange de rendus provenant à la fois du James Webb Telescope et du télescope spatial Chandra. Or, ce dernier a la particularité de procéder à des observations à l’aide du rayonnement X. Ainsi, alors que l’image du JWT seule offre des teintes blanches et rougeoyantes, le rendu croisé des deux dispositifs donne à voir une teinte bleutée très accentuée et tirant quasiment sur le violet (voir ci-après).
« L’observatoire de rayons X Chandra de la NASA a fréquemment observé 30 Doradus au cours de la durée de vie de la mission […] Ces données continueront d’être collectées et analysées, offrant aux scientifiques, aujourd’hui et à l’avenir, l’occasion d’en savoir plus sur la formation d’étoiles et ses processus connexes », peut-on lire dans la publication de la NASA.
Outre sa beauté évidente, cette image revêt donc un intérêt astronomique. En effet, les chercheurs soulignent la possibilité d’observer des particularités locales qui sont invisibles si l’on se limite seulement à l’infrarouge. Plus précisément, il est possible d’observer un gaz chauffé à des millions de degrés par des ondes de choc générées par les vents des étoiles massives. Il est aussi possible de voir des restes d’explosions de supernova d’où sera issue la prochaine génération d’étoiles.