Crédits : Rafa Jodar / iStock

Ils ont trouvé un moyen novateur (et durable) de recycler le lait périmé

Dans le cadre de récents travaux, deux chercheurs américains ont réussi a créer un matériau d’impression 3D assez surprenant. En effet, ces derniers ont transformé des déchets du lait en filament d’impression 3D durables et ce, via une méthode ayant fait l’objet d’un dépôt de brevet. Mais pourquoi une telle innovation ?

Un bio-composite durable, solide et flexible

Combiner l’agriculture et la fabrication additive ? Pourquoi pas. Cette idée est celle de John Obielodan et Joseph Wu, deux experts en chimie et en génie mécanique de l’Université du Wisconsin à Platteville (Etats-Unis). Dans leur communiqué publié le 24 octobre 2025, les scientifiques expliquent avoir eu l’idée de transformer le lait périmé en un matériau d’impression 3D respectueux de l’environnement. Il est ici question d’une méthode brevetée, ayant recours aux protéines du lait comme la caséine et le lactosérum afin d’obtenir des filaments d’impressions 3D durables.

Le duo a eu cette idée durant la pandémie de Covid-19, en réponse à la surproduction de l’industrie laitière. Durant cette période, les perturbations de la chaine d’approvisionnement ont entrainé des rejets massifs de lait et donc, des pertes importantes pour les agriculteurs. Les scientifiques ont alors imaginé un moyen de recycler ce lait au lieu de le gaspiller.

Dans un premier temps, les responsables ont travaillé sur l’extraction des protéines avariées et la pratique de tests impliquant l’intégration de ces mêmes protéines dans des mélanges de polymères dans l’impression 3D. Après plusieurs années de tests, ces travaux ont porté leurs fruits puisque les chercheurs ont réussi à fabriquer un matériau bio-composite associant durabilité, solidité et flexibilité.

filament impression 3D lait
Crédits : Université du Wisconsin à Platteville

Une initiative soutenue par le gouvernement

Cette innovation présente plusieurs points d’intérêt non négligeables, poussant en faveur d’une démocratisation. Les agriculteurs pourraient minimiser leurs pertes en vendant leur lait impropre à la consommation à des tiers intéressés par l’utilisation des filaments d’impression 3D durables. Il faut dire que ces pertes représentent un véritable poids pour les agriculteurs, certains étant aujourd’hui en grande difficulté. De plus, les filaments en question représentent une alternative aux plastiques à base de pétrole qui dominent actuellement l’industrie de l’impression 3D. Les scientifiques détiennent peut-être la clé d’un véritable modèle d’économie circulaire, associant notamment solidarité, durabilité et performance.

« Qui aurait cru que l’impression 3D et les protéines laitières pourraient être combinées pour créer un nouveau matériau ? J’espère que cela profitera à la fois à l’industrie de l’impression 3D et aux producteurs laitiers du Wisconsin. », a déclaré Joseph Wu.

La méthode des chimistes a été découverte dans le cadre du programme Dairy Innovation Hub, ce dernier recevant le soutien du gouvernement des Etats-Unis. L’objectif ? Soutenir les agriculteurs locaux tout agissant pour la progression des technologies vertes. Est-il possible de voir apparaitre un tel projet en France ou plus largement, en Europe ? L’avenir nous le dira.

En attendant, un pays comme la France produit plus de 20 milliards de litres de lait par an, dont une partie reste invendue. Le potentiel est donc bien présent. Enfin, la méthode dont il est ici question ne trouverait pas seulement des applications dans le domaine de l’impression 3D. Selon les chercheurs, il serait possible de fabriquer d’autres produits plastiques durables, certaines composants automobiles et autres biens de consommation courante.

Yohan Demeure

Rédigé par Yohan Demeure

Licencié en géographie, j’aime intégrer dans mes recherches une dimension humaine. Passionné par l’Asie, les voyages, le cinéma et la musique, j’espère attirer votre attention sur des sujets intéressants.