Ils ont réussi à simuler le processus de fossilisation… en un jour seulement

fossile reconstitué
Crédits : Saita et al. / Palaeontology

Une équipe de chercheurs annonce avoir découvert une nouvelle façon de simuler le processus de fossilisation en seulement 24 heures. Une expérience incroyable qui pourrait faciliter la recherche de « vrais » fossiles.

Pour former un fossile, la nature a besoin de temps, de beaucoup de temps : des milliers, voire des millions d’années. C’est pourquoi étudier le processus en action est une entreprise, disons, très compliquée. Une équipe de chercheurs explique aujourd’hui avoir trouvé un moyen de le faire, en compressant ce processus incroyablement long en une seule journée. Cette « maturation artificielle » implique ici la présence de chaleur, de pression et d’un sédiment bien spécifique.

Pour la méthode naturelle, imaginons un morceau de matière organique enfoui dans les sédiments. Ceux-ci appliquent une pression, tandis que la chaleur géothermique fait « cuire » très, très lentement ce morceau de matière à l’intérieur de la Terre, laissant parfois derrière lui une impression de carbone. Mais les fossiles ne sont pas simplement le résultat de la vitesse à laquelle ils pourrissent. Le plus important, semblerait-il, c’est la composition moléculaire des tissus concernés, mais aussi et surtout des sédiments.

C’est en effet grâce aux sédiments que les fossiles se forment naturellement. La porosité du matériau pourrait ici permettre à tous les liquides boueux de s’écouler, laissant derrière eux un beau fossile sec. Jakob Vinther, de l’Université de Bristol (Royaume-Uni), Tom Kaye, de la Foundation for Scientific Advancement, et Evan Saitta du Museum Field (États-Unis), se sont alors appuyés sur cette idée pour concevoir une méthode de création de fossiles carbonés à partir de spécimens végétaux et animaux actuels. Ils ont pour ce faire prélevé des échantillons de lézards modernes, de plumes d’oiseaux, de feuilles et de résine. Ils ont ensuite utilisé une presse hydraulique pour les comprimer étroitement entre des petites plaques de sédiments d’environ 19 millimètres de diamètre.

Ceux-ci ont ensuite été placés dans un tube en métal scellé, et chauffés dans un four de laboratoire à une température d’environ 210 °C pendant environ 24 heures, le tout en maintenant une pression d’environ 240 bars. Résultat : les fossiles ont été incroyablement bien conservés. « Nous étions absolument ravis », expliquent les chercheurs. « Ils ressemblaient à de vrais fossiles ».

Ceux-ci ont par ailleurs fait l’objet d’un examen au microscope électronique : tout comme dans de vrais fossiles, les films étaient constitués de mélanosomes, l’organite des cellules animales qui produit et stocke le pigment mélanine et qui donne leur couleur aux animaux. Et comme les vrais fossiles ne contiennent pas de protéines et de tissus adipeux, les fossiles créés en laboratoire n’en possédaient pas non plus.

L’ingrédient utilisé par les chercheurs – l’argile – aurait donc ici permis à ces biomolécules instables de s’échapper dans les sédiments, au lieu de transformer tout le fossile en bouillie. L’expérience est importante : si les fossiles qui préservent des morceaux d’os ou de coquille sont communs, les fossiles carbonés, en revanche, qui préservent les tissus tels que la peau et les plumes, sont plus rares. Et ceux-ci peuvent nous en dire beaucoup sur l’évolution des animaux.

« L’approche que nous utilisons pour simuler la fossilisation nous évite d’avoir à faire une expérience de soixante-dix millions d’années », notent les chercheurs. « Notre méthode expérimentale est comme une feuille de triche : si nous utilisons cela pour déterminer quels types de biomolécules peuvent supporter la pression et la chaleur de la fossilisation, alors nous savons ce qu’il faut rechercher dans de vrais fossiles ».

Vous retrouverez tous les détails de cette étude dans la revue Palaeontology.

Source

Articles liés : 

Des fossiles orphelins retrouvent leurs parents après un demi-milliard d’années

L’un des fossiles de T-Rex les plus complets découvert dans l’Ouest américain

Des traces fossiles vieilles d’un demi-milliard d’années découvertes