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Crédits : M-Production/modifié par IFLScience

Ils ont modifié une araignée pour qu’elle produise… de la soie rouge (et les applications sont nombreuses !)

Si vous avez toujours eu des frissons à l’idée de croiser une araignée, voici une nouvelle qui pourrait bien ajouter un peu de science-fiction à votre phobie. Des chercheurs ont récemment créé la toute première araignée modifiée génétiquement grâce à la célèbre technologie CRISPR-Cas9. Mais ce n’est pas tout : cette araignée produit désormais de la soie qui brille sous certaines lumières, une innovation qui pourrait avoir des applications révolutionnaires pour la science des matériaux.

Une avancée génétique révolutionnaire

CRISPR-Cas9, l’outil d’édition génétique qui a révolutionné la biologie, permet de modifier précisément l’ADN d’un organisme en ciblant des séquences spécifiques et en y insérant de nouveaux gènes. Cette technologie, qui a valu le prix Nobel à ses inventeurs, est déjà utilisée dans divers domaines, des traitements médicaux à la lutte contre certaines maladies génétiques. Mais son application ne s’arrête pas là. Les chercheurs ont désormais tourné leur regard vers le monde animal, et plus précisément, vers l’araignée domestique, pour exploiter ses incroyables capacités.

L’araignée choisie pour cette expérience est Parasteatoda tepidariorum, également connue sous le nom d’araignée domestique commune. Bien que ces créatures soient souvent redoutées et évitées, elles possèdent une caractéristique fascinante : leur soie. Cette substance est non seulement incroyablement résistante, mais aussi étonnamment légère, élastique et biodégradable. Ces propriétés en font un matériau de choix pour les chercheurs, mais aussi un modèle de biotechnologie en devenir.

Manipuler la soie d’araignée

L’objectif de cette étude était de modifier la soie d’araignée afin de l’enrichir avec de nouvelles propriétés, et notamment une fluorescence visible. Pour ce faire, les chercheurs ont utilisé CRISPR-Cas9 pour insérer un gène codant pour une protéine fluorescente rouge dans le génome de l’araignée. Cette modification permet non seulement de suivre facilement la réussite de l’édition génétique, mais ouvre également la voie à de futures applications dans des domaines comme les biomatériaux et la médecine.

L’expérience a été menée par une équipe dirigée par le professeur Dr Thomas Scheibel, de l’Université de Bayreuth en Allemagne. Leur méthode consistait à injecter une solution contenant le matériel génétique modifié dans des ovocytes d’araignées femelles non fécondées. Une fois fécondées, ces araignées ont donné naissance à une progéniture génétiquement modifiée, produisant de la soie fluorescente. Cette avancée n’est pas seulement un exploit génétique, mais elle pourrait également révolutionner l’utilisation de la soie d’araignée dans des applications technologiques.

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Crédit : iStock

Un spécimen de l’espèce commune Parasteatoda tepidariorum. Crédits : Tas3/istock

Pourquoi cette soie est-elle si spéciale ?

La soie d’araignée possède déjà des propriétés remarquables : elle est cinq fois plus résistante que l’acier de même poids et possède une incroyable élasticité. Toutefois, la possibilité de modifier cette soie à l’aide de l’édition génétique pourrait permettre de la rendre encore plus résistante ou de lui ajouter d’autres caractéristiques utiles. Par exemple, on pourrait imaginer une soie d’araignée encore plus résistante à la traction, ou bien capable d’absorber de l’énergie de manière plus efficace.

En plus de ses applications dans la science des matériaux, cette recherche pourrait avoir des répercussions dans le domaine biomédical. L’idée de produire des fibres naturelles, légères, biodégradables et résistantes pourrait mener à des innovations dans la fabrication de sutures, de bandages ou même de prothèses. La soie d’araignée modifiée pourrait ainsi devenir un matériau de choix pour des solutions médicales de haute performance.

Les détails de l’étude sont publiés dans Angewandte Chemie.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.