Ils ont extrait les plus anciennes informations génétiques au monde sur un rhinocéros préhistorique

Stephanorhinus, une ancienne espèce de rhinocéros évoluant en Eurasie il y a entre 2,5 million set 700 000 ans. Crédits : Wikipédia

Des informations génétiques vieilles de plus d’1,7 million d’années ont récemment été extraites d’une dent de rhinocéros. Ce sont les plus anciennes jamais enregistrées. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature.

Il y a entre 2,5 millions et 700 000 années évoluait une espèce de rhinocéros dans le nord de l’Eurasie : Stephanorhinus. Une créature massive d’environ deux mètres de haut, quatre mètres de long pour environ trois tonnes sur la balance. La molaire de l’un de ces spécimens, mort il y a 1,7 million d’années, vient d’être retrouvée. Une dent dont l’émail – le matériau le plus dur du corps – contenait encore de l’information génétique qui a pu être extraite avec succès. Avant cette étude, les informations génétiques les plus anciennes séquencées chez un animal provenaient de l’ADN d’un cheval vieux de 700 000 ans.

Remonter encore plus loin dans l’histoire

Pour ces travaux, les chercheurs expliquent avoir analysé la dent, découverte à Dmanisi, en Géorgie, grâce à un spectromètre de masse. Ils auraient identifié tout un ensemble de protéines – un protéome – dans l’émail, encore en bon « état ». Une technique qui fonctionne donc, et qui pourrait bien révolutionner notre approche de l’évolution. Ces protéines sont en effet plus durables que l’ADN et génétiquement plus informatives que le collagène.

« Depuis 20 ans, l’ADN ancien est utilisé pour répondre aux questions concernant l’évolution d’espèces disparues, l’adaptation et la migration humaine, mais il a ses limites, explique Enrico Cappellini, de l’Université de Copenhague et principal auteur de l’étude. Le séquençage des protéines basé sur la spectrométrie de masse nous permettra de récupérer des informations génétiques fiables et riches sur des fossiles de mammifères vieux de plusieurs millions d’années, plutôt que de milliers d’années ».

Crédits : Mirian Kiladze, Musée national géorgien

Comprendre la lignée humaine

Cette étude nous concerne également. Les informations génétiques de l’évolution humaine que nous avons réussi à isoler jusqu’à présent ne couvrent que les 400 000 dernières années. Mais comme le soulignent les chercheurs, les premières lignées humaines qui ont conduit à l’Homme moderne se sont diversifiées des autres primates il y a environ six à sept millions d’années. Autrement dit, nous n’avons pas d’information génétique pour plus de 90 % de notre histoire. Cette nouvelle technique pourrait donc nous permettre de brosser un tableau plus précis de l’évolution de centaines d’espèces, dont la nôtre.

« Cette recherche ouvre de nombreuses possibilités pour de futures études évolutives sur l’Homme et les mammifères, note Eske Willerslev de l’Université de Cambridge et co-auteur de l’étude. Elle révolutionnera les méthodes de recherche sur l’évolution sur la base de marqueurs moléculaires et ouvrira un nouveau champ complet d’études biomoléculaires anciennes ».

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