Que faire de Nomans Land, cette île inhabitée jonchée de bombes ?

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FB-111A de la 509e Escadre de bombardement larguant des bombes d'entraînement Mark 82 lors d'une mission de formation sur l'île. Crédits : Master Sgt. Ken Hammond

En raison des risques inhérents aux munitions non explosées et de sa valeur en tant qu’habitat faunique, l’île de Nomans Land est aujourd’hui fermée au public, mais pour combien de temps ?

Tout savoir sur Nomans Land

Nomans Land (Massachusetts) ou « No Man’s Land » est une petite île américaine située au sud-ouest d’une île plus importante nommée Martha’s Vineyard (15 000 habitants). Ce territoire abrite notamment la résidence d’été des présidents des États-Unis. Il est également connu pour avoir soutenu la première communauté de sourds américaine qui y a développé sa propre langue des signes.

Nomans Land est fermée au public et donc inhabitée par les humains. Et pour cause : de 1943 à 1996, l’île a servi de champ de tir pour l’US Navy. En dépit des efforts de nettoyage précédents, la zone reste jonchée de munitions non explosées. Pour autant, ce n’est pas un désert sans vie. Malgré un demi-siècle de destruction, la vie a en effet fleuri sur l’île. Protégés des Hommes, de nombreuses tortues et oiseaux migrateurs s’y épanouissent.

Aujourd’hui, une question se pose malgré tout : que faire de Nomans Land ? Tout le monde n’est pas d’accord.

Laisser vivre l’île ou la nettoyer ?

Gus Ben David, naturaliste, biologiste et résident de la troisième génération de l’île Martha’s Vineyard, a passé plus de temps que tout autre civil sur l’île. Dès 1973, il a en effet été envoyé régulièrement sur place par le journal local pour rendre compte de l’état de Nomans Land. Il estime que la zone est devenue un paradis pour la faune et que nous devrions la laisser ainsi, ne plus interférer. Si les munitions restantes ne nuisent pas à la faune, cela ne pose aucun problème et toute nouvelle tentative de les retirer pourrait mettre en péril cet habitat unique.

D’autres souhaiteraient en revanche que l’île soit nettoyée de ses derniers déchets explosifs pour deux raisons. Déjà, certains aimeraient y retourner. D’autres craignent également que des bombes non explosées puissent se frayer un chemin vers la mer et s’échouer sur Martha’s Vineyard, située à seulement cinq kilomètres.

Brian McCarty, écologiste, vétéran de l’US Air Force et guide de pêche, est de ceux-là. Il craint en effet que la corrosion des munitions puisse polluer le sol et les eaux souterraines. Or, Martha’s Vineyard, où il vit, et Nomans Land partagent le même aquifère. Une fois l’île nettoyée, il aimerait que la zone ne soit accessible qu’à un nombre limité de visiteurs.

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Photographie de l’île Nomans Land, Massachusetts pendant le survol de l’avion.
Crédits : Mike Bracht

Des terres ancestrales

Évoquons enfin des préoccupations culturelles. Bien avant que l’île ne soit un champ de tir, la tribu Wampanoag y vivait. Et comme le rapporte le Vineyard Gazette, Bret Stearns, s’exprimant au nom de la tribu lors d’une audience publique, a déclaré que les Wampanoags souhaitaient « un accès plus grand et plus sûr à l’île, à la fois pour un usage culturel et pour un accès général des membres de la tribu« .

Alors, que faire de Nomans Land ? Faut-il laisser l’île à la nature et stopper toute ingérence humaine ou la nettoyer pour apaiser les préoccupations sanitaires ? Ces terres devraient-elles être restituées à ceux qui l’entretenaient autrefois ? Pour l’heure, la question n’est pas tranchée.