Il y aurait un million de fois plus de plastique dans les océans que prévu

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Crédits : Pexels/Pixabay

Dans 1 000 litres d’eau dans l’océan, il y a en moyenne 8,3 millions de morceaux de plastique, révèle une étude. C’est un million de fois plus que prévu.

Notre dépendance au plastique imprègne le réseau trophique océanique depuis de nombreuses années, mais nous pourrions avoir sous-estimé la quantité de pollution dont nous sommes responsables. Une récente étude, publiée dans la revue Limnology and Oceanography Letters, suggère en effet que la quantité de microplastiques – les morceaux mesurant moins de 5 millimètres – est un million de fois plus importante que prévu.

Pourquoi un tel écart ? Parce que nous avons omis de prendre en compte les plus petites particules.

Changer de méthode

Entre 1971 et 2013, explique Jennifer Brandon, de l’Université de Californie à San Diego (États-Unis), toutes les estimations ont été faites de la même manière : on jette un filet dans l’océan et on comptabilise le nombre de microplastiques. Le problème, dit-elle, c’est que tous ces filets devaient pouvoir filtrer le plancton. Ils ont donc été conçus pour ne capturer que des plastiques d’une taille supérieure à 333 micromètres.

Ainsi, « tout ce qui était plus petit que ce maillage s’est échappé, explique la chercheuse. De ce fait, il y a une grande lacune dans les connaissances ». Pour ces travaux, Jennifer Brandon et son équipe ont donc testé une nouvelle approche. Et pour ce faire, ils se sont appuyés sur les salpes.

Ces petites créatures gélatineuses se rassemblent en ligne à des profondeurs supérieures à 2 000 mètres, pompant l’eau via leur corps et filtrant le phytoplancton dont ils se nourrissent. Partant de ce principe, les chercheurs ont estimé qu’un bon moyen d’estimer les quantités de microplastiques dans l’océan était d’analyser leur estomac.

Pour cette étude, plusieurs spécimens ont été prélevés en Californie, dans le gyre subtropical du Pacifique Nord (le vortex de déchets du Pacifique nord) et dans une zone océanique intermédiaire. Certains ont été capturé en 2009, d’autres en 2017. Les chercheurs ont ensuite utilisé un microscope à fluorescence spécial pour « illuminer » les particules microplastiques trouvées dans les échantillons.

salpes plastique
Les salpes se déplacent ensemble par contractions. Crédits : Lars Plougmann/Wikipédia

8,3 millions de microplastiques par mètre cube

Grâce à cette méthode, ils ont été en mesure de capturer des particules de plastique plus minces que la largeur d’un cheveu humain. Ils ont dans un premier temps été surpris de constater que tous les spécimens avaient du plastique dans l’estomac. C’est étonnant dans la mesure où ces créatures digèrent normalement tout ce qu’elles mangent en deux à sept heures.

« Chaque salpe, peu importe l’année, l’espèce, le stade biologique ou la zone dans laquelle il a été recueilli, avait du plastique dans le ventre », confirme la chercheuse.

En comptabilisant ensuite le nombre de particules et en extrapolant ces résultats, les chercheurs concluent aujourd’hui qu’en moyenne 8,3 millions de ces « mini-microplastiques » peuvent être trouvés dans un mètre cube (1 000 litres) d’océan. Les estimations précédentes estimaient à entre 8 et 10 le nombre de ces fragments par mètre cube.

L’étude nous rappelle également que les salpes figurent au menu de nombreuses espèces, comme les tortues ou les crabes. C’est pourquoi une grande partie de ces particules de plastique revient probablement à l’envoyeur, dans nos assiettes.

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