Les « mondes océaniques » sont-ils communs dans la galaxie ? C’est probable, selon de nouvelles analyses faites par des chercheurs de la NASA.
Un monde océanique est une planète ou une lune rocheuse abritant, en surface ou sous sa croûte, un ou plusieurs océans d’eau liquide. À proximité de la Terre, les lunes Encelade (Saturne) et Europe (Jupiter) entrent dans cette catégorie. Nous savons également que des panaches d’eau s’échappent de la surface de ces deux lunes.
En 2015, rappelons que la sonde Cassini avait également senti de l’hydrogène moléculaire dans les panaches émanant de la surface d’Encelade, signe qu’il pourrait y avoir des évents hydrothermaux qui tapissent le fond de son océan souterrain. Un environnement favorable au développement de micro-organismes, tout au moins sur Terre.
Ça, c’est pour notre système. Mais quelle est la fréquence de ces « mondes océaniques » dans la Voie Lactée ? Après tout, si nos propres lunes n’ont effectivement pas (ou quasiment pas) d’atmosphère et sont recouvertes de glace, elles sont toujours considérées comme les candidates les plus intéressantes pour la recherche de la vie extraterrestre.
Des chercheurs du Goddard Space Flight Center de la NASA, à Greenbelt (Maryland, États-Unis) se sont penchés sur la question. Ils ont également tenté d’évaluer combien de ces mondes pourraient cracher des panaches aqueux dans l’espace, comme peut le faire Encelade.
Des analyses encourageantes
N’ayant pas encore découvert de véritable jumelle de la Terre, les chercheurs se sont ici concentrés sur 53 mondes connus pour être plus ou moins similaires à notre planète. Dans cet échantillon figuraient notamment les sept corps du système TRAPPIST-1, situé à 39 années-lumière de la Terre.
Notez, à titre d’information, qu’une trentaine de planètes supplémentaires, qui correspondent à ces paramètres, ont entre-temps été découvertes au cours de leur étude entamée en 2017. En revanche, elles n’ont pas été incluses dans l’analyse.
Dans le cadre de ces travaux, les chercheurs ont pris en compte plusieurs caractéristiques de base. Citons notamment la densité, la température de surface, la masse, la distance de l’étoile parente ou encore la présence ou non d’autres mondes à proximité. Grâce à ces informations, ils ont alors déduit qu’environ un quart de ces planètes étaient potentiellement des mondes aquatiques. La plupart, expliquent-ils, abriteraient leur océan sous une couche de glace.
En estimant ensuite la quantité de chaleur interne produite par chaque planète, les chercheurs ont calculé que toutes auraient suffisamment d’énergie pour avoir des caractéristiques géologiques complexes, telles que des volcans ou des sources hydrothermales au fond de leur océan. Ainsi, tous ces mondes aquatiques seraient susceptibles de cracher, eux aussi, des panaches de matière dans l’espace.
Éclairer les futures études
Ce ne sont pour l’heure que des estimations basées sur des modèles mathématiques. Pour en avoir le coeur net, nous allons devoir braquer nos objectifs directement sur ces planètes. Malheureusement, ces planètes nous sont pour le moment inaccessibles. Elles sont en effet trop éloignées et sont noyées par la lumière de leurs étoile.
En revanche, les instruments futurs, tel que le James Webb Telescope, pourront être capables de tester ces modèles en mesurant la chaleur émise par ces planètes ou en détectant les signatures d’éruptions volcaniques ou cryovolcaniques (liquide ou vapeur au lieu de roche en fusion) dans leur atmosphère.
En outre, rappelons qu’au cours de la prochaine décennie, la NASA prévoit également d’analyser de plus près la surface et le sous-sol d’Europe (mission Europa Clipper). Là encore, ces informations permettront d’en apprendre davantage sur les mondes potentiellement aquatiques évoluant dans notre système solaire, mais aussi au-delà.