Il y a un peu plus de 14 ans, le monde découvrait la surface de Titan

La surface de Titan photographiée par la sonde à 10 kilomètres d'altitude. ESA/NASA/JPL/University of Arizona

Transportée par Cassini, la sonde Huygens était larguée dans le système de Saturne en décembre 2004. La petite sonde atteignit finalement sur Titan le 14 janvier 2005. Après avoir pénétré dans l’atmosphère dense du satellite, elle se posa au sol, et prit les toutes premières images de la surface.

Titan est un endroit étrange et fascinant. La plus grande lune de Saturne est la deuxième plus grande du système solaire après Ganymède, la lune de Jupiter. Ce monde est enrobé d’une épaisse atmosphère teintée d’orange qui s’étend sur environ 600 kilomètres. Depuis le sol terrestre, et comme vous pouvez le voir ci-dessous, même depuis le puissant Hubble, difficile de se faire une idée du monde caché en surface. Mais grâce à la mission Cassini, et plus particulièrement à Huygens, mise au point par l’ESA, nous avons désormais de meilleures images de la lune qui, à bien des égards, nous rappelle notre planète.

Titan
Titan tel qu’elle est apparue en octobre 1994 dans le viseur du télescope spatial Hubble. Crédits : NASA/ESA/Hubble.

À 13 h 34, le 14 janvier 2005, Huygens se posait finalement sur Titan à une vitesse de 5 à 6 m/s, après deux heures et 27 minutes de descente. Dès son atterrissage, les opérateurs de la mission estiment une surface solide, comme c’était prévu, mais relativement souple. Il fait alors -179 degrés Celsius. La sonde, lors de sa descente, avait braqué son appareil droit devant elle. Une fois posée, elle dévoila finalement au monde la véritable nature de cette grande lune.

Titan
Quatre images de Titan prises par la sonde Huygens alors qu’elle descendait vers la surface. Crédits : ESA/NASA/JPL/Université de l’Arizona.

Dunes et montagnes, mers et rivières

On découvre alors de vastes zones de la surface recouvertes de dunes de sable – et parfois des montagnes hautes de 3 000 mètres – faites d’hydrocarbures. Pour les chercheurs, les dunes sur Titan pourraient s’apparenter à celles retrouvées dans le désert namibien, en Afrique. Mais il n’y pas que des collines sur Titan. Des lacs, des mers, mais aussi des rivières serpentent à la surface, principalement près de son pôle sud. Mais aucune eau ne coule ici. À près de -180 degrés Celsius, ce sont des hydrocarbures liquides comme le méthane et l’éthane qui glissent et stagnent à la surface.

De vastes zones liquides, donc, mais aussi un cycle hydrologique analogue à celui de la Terre. Les hydrocarbures s’évaporent, se concentrent dans l’atmosphère puis retombent sous forme de pluie au printemps. C’est pourquoi Titan, malgré ses températures extrêmes, nous rappelle tant notre planète. Juste avant le début de l’oxygénation de l’atmosphère terrestre, il y a 2,4 milliards d’années, notre Planète aurait d’ailleurs ressemblé à Titan. Il y aurait également un océan liquide à 50 ou 60 km sous la surface, probablement global et profond de plusieurs dizaines de kilomètres, mais cela reste à vérifier.

La mosaïque ci-dessous nous livre un autre aperçu de la lune. Ces images ont été rendues possibles grâce à l’instrument infrarouge de Cassini, le spectromètre de cartographie visuelle et infrarouge (VIMS). En perçant l’atmosphère épaisse de Titan, la sonde a pu recueillir des observations détaillées de la surface. Les champs de dunes équatoriales de la lune arborent ici une couleur marron, tandis que les teintes bleutées et violettes indiquent des matériaux enrichis en glace d’eau (Titan est principalement composé de roche et d’eau gelée).

Crédits : NASA/JPL-Caltech/Université de Nantes/Université de l’Arizona.

Source

Articles liés :

Des tempêtes de poussière repérées pour la première fois sur Titan, la lune de Saturne

Les images les plus nettes de Titan à ce jour

D’où vient le « sable » de Titan, la lune de Saturne ?