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Crédits : Halfpoint/iStock

Il y a désormais plus d’un milliard d’obèses dans le monde

Une étude publiée récemment révèle que le nombre de personnes de tous âges vivant avec l’obésité à travers le monde a franchi le seuil du milliard. Cette hausse place l’obésité comme la principale conséquence de la surnutrition dans de nombreux pays, qui dépasse désormais la sous-nutrition qui était auparavant plus répandue.

Combattre l’obésité et l’insuffisance pondérale

L’insuffisance pondérale et l’obésité sont deux problèmes de santé qui peuvent avoir des effets négatifs tout au long de la vie. Il est donc important que les politiques de santé et de nutrition ciblent ces deux problèmes, conformément à l’un des objectifs de développement durable qui vise à éliminer toutes les formes de malnutrition.

Les tendances concernant ces problèmes varient cependant beaucoup d’un pays à l’autre et selon l’âge des personnes. De plus, dans certaines régions, l’insuffisance pondérale et l’obésité ont évolué séparément. Enfin, on ne recense que peu d’informations globales récentes sur l’ampleur et la nature combinées de ces problèmes. Cette absence d’informations fiables et actualisées complique ainsi la distribution efficace des ressources et la mise en place de stratégies pour combattre les deux formes de malnutrition, à savoir la surnutrition et la malnutrition.

Les détails de l’analyse

Pour ces travaux, les chercheurs ont mené une analyse approfondie des mesures de poids et de taille de plus de 220 millions de personnes réparties en deux groupes principaux : 63 millions de personnes âgées de cinq à dix-neuf ans et 158 millions âgées de vingt ans ou plus. Ces données représentaient une couverture globale de plus de 190 pays.

L’analyse s’est appuyée sur l’indice de masse corporelle (IMC) comme principal indicateur pour évaluer l’obésité et l’insuffisance pondérale. L’IMC est calculé en divisant le poids d’une personne (en kilogrammes) par le carré de sa taille (en mètres). Pour les adultes, un IMC de 30 kg/m^2 ou plus a ainsi été utilisé pour définir l’obésité, tandis qu’un IMC inférieur à 18,5 kg/m^2 indiquait une insuffisance pondérale. Chez les enfants et les adolescents (âgés de cinq à dix-neuf ans), les seuils de l’IMC pour déterminer l’obésité et l’insuffisance pondérale étaient ajustés en fonction de l’âge et du sexe, et tenaient compte de la croissance normale et des variations du développement corporel au cours de ces périodes de la vie.

Pour assurer la fiabilité de leur analyse, les chercheurs ont collaboré avec la NCD Risk Factor Collaboration et l’Organisation mondiale de la Santé, intégrant les efforts de plus de 1 500 chercheurs à travers le monde. Cette collaboration a permis de collecter et d’analyser des données provenant d’une variété de sources pour fournir une estimation précise et globale des tendances de l’obésité et de l’insuffisance pondérale de 1990 à 2022.

L’approche méthodologique adoptée pour cette étude a permis de surmonter les défis liés à la variabilité des données entre les pays et les régions en utilisant des méthodes statistiques avancées pour ajuster et standardiser les informations afin qu’elles soient comparables à l’échelle mondiale.

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Crédits : Elena Bessonova/iStock

Plus d’un milliard d’obèses, moins de sous-nutrition

Selon les données analysées, l’obésité chez les jeunes (enfants et adolescents) en 2022 était quatre fois plus élevée qu’en 1990. Pour les adultes, le taux aurait de son côté plus que doublé chez les femmes et presque triplé chez les hommes, totalisant 159 millions de jeunes et 879 millions d’adultes atteints d’obésité, soit plus d’un milliard de personnes au total. Certains pays à faible et moyen revenu, notamment dans les régions de Polynésie, des Caraïbes, et du Moyen-Orient, affichent également désormais des taux d’obésité supérieurs à ceux de pays à haut revenu. Parallèlement, la proportion de jeunes sous-nourris aurait significativement diminué depuis 1990, tout comme celle des adultes sous-nourris qui a été réduite de plus de moitié.

Majid Ezzati, de l’Imperial College de Londres et auteur principal de l’étude, exprime son inquiétude face à l’extension de l’épidémie d’obésité, désormais observée aussi chez les jeunes. Il souligne l’importance d’un accès amélioré à des aliments sains et abordables pour combattre efficacement toutes les formes de malnutrition.

Les chercheurs admettent cependant que leur étude présente certaines faiblesses. Ils notent en effet que l’indice de masse corporelle (IMC) n’est pas une mesure parfaite. Néanmoins, elle reste fréquemment utilisée dans les enquêtes au niveau de la population, ce qui permet de réaliser de telles analyses. De plus, il existait des variations dans l’accessibilité des données selon l’âge, particulièrement un manque de données pour les enfants de cinq à neuf ans et pour les adultes de plus de 65 ans. Cela conduit à une plus grande incertitude des résultats pour ces tranches d’âge.

Les détails de l’étude sont publiés dans The Lancet.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.