Il y a de l’eau partout dans le système solaire

Europe et Encelade. Crédits : NASA/ESA/JPL-Caltech/SETI Institute

On associe généralement l’eau à la vie. Mais la vie n’étant, pour l’heure, que propre à la Terre, nous avons parfois tendance à imaginer l’eau comme une denrée rare. C’est pourtant bien le contraire. Astéroïdes et comètes mis à part, il y a bien de l’eau sur chaque planète de notre système solaire.

Une équipe de chercheurs confirmait il y a quelques mois pour la toute première fois la présence de glace d’eau au niveau des pôles, dans les parties les plus sombres et les plus froides de la surface lunaire. Il y a donc bien de l’eau sur notre satellite, même si l’on s’en doutait depuis de nombreuses années. Mais la glace, le givre ou encore la neige ne se retrouvent pas uniquement dans le système terrestre. L’eau, sous quelque forme qu’elle soit, est omniprésente dans tout le système solaire. Même dans les endroits les plus improbables.

Mercure et Vénus

Prenons par exemple le cas de Mercure, la planète la plus proche du Soleil (environ 58 millions de kilomètres, soit un tiers de la distance qui sépare la Terre du Soleil). Il fait sur le côté diurne de Mercure parfois 430 °C. Difficile d’imaginer la présence d’eau dans ces conditions. Pourtant, au cours des années 1990, des réflexions lumineuses ont été remarquées au niveau des régions polaires. Après analyses, il en est ressorti qu’elles étaient le résultat de la présence de glace d’eau nichée dans des cratères (déposée par les météorites ?), dont une partie à l’intérieur d’entre eux n’est jamais exposée au Soleil. Il ferait dans ces cratères suffisamment froid (-73 °C) pour que l’eau puisse rester stable sous forme de glace. Les chercheurs estiment aujourd’hui que Mercure pourrait contenir entre cent milliards à un trillion de tonnes de glace d’eau.

Autre exemple : celui de Vénus, la planète la plus infernale du système (460 °C en surface). Sur la « sœur jumelle » de la Terre, pas de glace d’eau, mais d’autres types de givre et de neige. Des images radar nous montrent en effet que les hauts plateaux de Vénus semblent étonnamment brillants. Pour les chercheurs, il pourrait s’agir de givre métallique, probablement composé de sulfure de plomb et de sulfure de bismuth. Ces composés seraient expulsés de la surface par une activité volcanique, et se retrouver vaporisés dans l’atmosphère pour finalement « geler » dans les hautes altitudes. À 125 kilomètres de la surface, il ferait une température de -175 °C sur Vénus.

La planète rouge…

Si l’on se décale un peu plus vers l’extérieur, et passons le système terrestre, nous arrivons sur Mars. La planète rouge porte également son pesant d’eau, notamment au niveau des pôles (eau et dioxyde de carbone gelé). Une équipe de chercheurs annonçait par ailleurs il y a quelques semaines la découverte d’un lac d’environ 20 km de large situé à environ 1,5 km sous une couche de glace. Une découverte incroyable qui devra être prise en compte lors des futures missions dépêchées sur place. Pourrait-on y retrouver une vie microbienne ? Possible. Seul l’avenir nous le dira.

Mars
Le cratère de Korolev, sur Mars, rempli de glace. Crédits : ESA/DLR/FU Berlin, CC BY-SA 3.0 IGO

Jupiter, Saturne et leurs lunes

Viennent ensuite Jupiter et Saturne, qui présentent des structures totalement différentes. Les deux planètes gazeuses pourraient ici contenir beaucoup de glace et de neige d’eau, probablement mélangée à de l’ammoniac. Il n’y a pas non plus de surface solide à proprement parler où la neige peut s’accumuler plus bas. Ainsi, si tempêtes de neige il y a, les flocons pourraient fondre à une certaine altitude, plus chaude, et s’évaporer pour être ensuite renvoyés dans un nouveau cycle. Le cœur de Jupiter pourrait également être constitué d’une couche de glace entourant une graine rocheuse.

Il y aurait également beaucoup d’eau dans les nuages les plus en altitude de Saturne. Les célèbres anneaux de la géante (principalement composés de glace) se présentent ici comme de gigantesques fontaines, arrosant la partie supérieure de l’atmosphère de Saturne. Mais ce transfert de glace ne va durer qu’un temps. De nouvelles données renvoyées par la sonde Cassini révélaient en effet il y a quelques jours que l’anneau le plus intérieur (anneau C) déverse une quantité étonnante de matière dans l’atmosphère de Saturne : entre 432 et 2 870 kg chaque seconde. Les anneaux les plus extérieurs transfèrent ensuite de la matière vers les anneaux intérieurs – matière qui finit par tomber sur Saturne. À ce rythme, les anneaux de la planète pourraient disparaître dans 100 millions d’années.

La glace d’eau sous forme solide est également présente sur Encelade, la lune de Saturne, connue pour son vaste océan caché sous sa coquille gelée. Même constat pour Europe, la lune de Jupiter. Cette dernière abrite en effet un immense océan salé, niché sous une épaisse croûte de glace de plusieurs kilomètres d’épaisseur, en contact avec le noyau rocheux. Selon des observations faites avec le télescope spatial Hubble, un océan plus vaste que tous ceux de la Terre réunis se logerait également sous l’épaisse croûte glacée de Ganymède, la plus grosse lune de Jupiter. Mars mise à part, ces trois lunes glacées constituent aujourd’hui de meilleures chances de trouver un jour une vie « ailleurs » dans l’Univers.

Encelade Saturne Europe Yuri Milner NASA
Des jets spectaculaires de glace, de vapeur d’eau et de composés organiques jaillissent du pôle sud de la lune Encelade. Crédits : NASA/JPL-Caltech/ Space Science Institute

Uranus, Neptune, Triton ou encore Pluton

Viennent ensuite Uranus et à Neptune, qui présentent également des nuages ​​de glace d’eau (ainsi que de l’ammoniac et du méthane) dans leur atmosphère. Triton, la lune de Neptune, est également très intéressante de ce point de vue. Le passage en 1989 de la sonde Voyager 2 permit de constater une surface gelée formée principalement d’eau, mais aussi d’azote, de méthane et de dioxyde de carbone. La présence d’un océan souterrain est également soupçonnée.

Quant à Pluton, la NASA nous révélait en 2015 les toutes dernières images transmises par la sonde New Horizons. Ces données nous avaient alors permis de constater, d’une part que le ciel est bleu sur Pluton, mais également que la planète naine dispose de plaques d’eau glacée en surface.

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