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Il y a aura bientôt une centrale nucléaire sur la Lune… et elle ne sera pas américaine !

La Lune pourrait bientôt abriter sa première centrale nucléaire, et ce ne seront pas les États-Unis qui en prendront l’initiative. La Chine, en collaboration avec la Russie, prévoit de construire un réacteur nucléaire sur notre satellite naturel dans le cadre de la Station Internationale de Recherche Lunaire (ILRS). Un projet ambitieux qui pourrait marquer un tournant dans l’exploration spatiale, notamment pour la production d’énergie durable sur la Lune.

La mission Chang’e-8 : un jalon décisif vers une base lunaire permanente

L’annonce a été faite par Pei Zhaoyu, ingénieur en chef de la mission Chang’e-8, lors d’une présentation concernant cette mission, dont le lancement est prévu pour 2028. Cette mission représente un jalon décisif dans les ambitions lunaires de la Chine, qui espère établir une base lunaire habitée de manière permanente d’ici 2030. L’une des plus grandes difficultés pour ce projet est la gestion de l’énergie. La station lunaire aura en effet besoin d’une source d’alimentation fiable pour fonctionner, et les défis sont considérables étant donné les conditions extrêmes de la Lune.

L’une des options envisagées pour résoudre ce problème est la centrale nucléaire, une solution déjà explorée par la Russie et la Chine, qui visent à construire un réacteur d’ici 2035. Ce dernier alimenterait en énergie la station ILRS, permettant à ses astronautes de mener des missions prolongées sur la surface lunaire sans avoir à dépendre des ressources terrestres.

Pourquoi l’énergie nucléaire ?

La Lune, bien que riche en ressources naturelles, présente des conditions de vie extrêmement difficiles. La température y varie de -173°C à +127°C, et il n’y a pratiquement aucune atmosphère pour capturer l’énergie solaire de manière constante. Les panneaux solaires, bien qu’efficaces, ne seraient pas suffisants à eux seuls pour subvenir aux besoins énergétiques de la station. L’énergie nucléaire, en revanche, peut offrir une source stable et continue d’électricité, ce qui en fait une option particulièrement prometteuse.

La Russie, avec son expertise en réacteurs spatiaux, joue un rôle clé

La Russie, avec ses décennies d’expérience en matière de réacteurs nucléaires pour missions spatiales, est un acteur indispensable dans ce projet. Depuis les années 1960, l’Union soviétique, puis la Russie, ont en effet développé des réacteurs nucléaires pour alimenter leurs missions spatiales. L’un des projets les plus marquants a été le lancement en 1970 du satellite Radar-1, démontrant ainsi la capacité de la Russie à intégrer ce type de technologie dans des environnements extrêmes comme l’espace.

Par la suite, la Russie a perfectionné ses composants destinés à des missions de longue durée, en particulier pour l’alimentation des sondes et des stations spatiales. Le réacteur TOPAZ, utilisé dans les années 1980 et 1990, est un exemple de cette expertise. Ce réacteur thermionique était conçu pour fournir une source d’énergie stable et fiable pour des sondes spatiales, même dans les régions les plus éloignées du système solaire.

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Modèle réduit du réacteur Topaz. Crédits : собственная работа

La concurrence de la NASA et du programme Artemis

Cependant, ce projet n’est pas sans concurrence. Les États-Unis, par l’intermédiaire de la NASA, ont aussi des ambitions pour la Lune avec leur programme Artemis, qui prévoit d’y envoyer à nouveau des astronautes d’ici 2026. L’objectif est de créer une base lunaire durable, et là aussi, l’énergie est un enjeu majeur. Et si la NASA envisage l’installation de panneaux solaires massifs pour alimenter la base, elle explore également la possibilité de recourir à l’énergie nucléaire.

Les États-Unis, bien qu’ils aient de l’expérience dans les missions lunaires, n’ont pas encore annoncé de projets aussi avancés que ceux de la Chine et de la Russie en matière de solutions énergétiques pour la Lune.

Le rôle crucial de la Lune dans l’exploration spatiale

Ce projet de centrale nucléaire lunaire s’inscrit dans une vision plus large des ambitions spatiales de la Chine. En plus de la station ILRS, la Chine prévoit de lancer des projets d’exploitation des ressources lunaires, notamment l’extraction de l’hélium-3, un isotope rare qui pourrait révolutionner la production d’énergie sur Terre. De plus, la Lune pourrait servir de point de départ pour des missions d’exploration vers Mars et au-delà.

L’ILRS, avec ses ambitions énergétiques, pourrait ainsi devenir un laboratoire à ciel ouvert pour des technologies avancées, allant de la production d’énergie à la gestion des ressources spatiales. Si la Chine parvient à construire un réacteur nucléaire sur la Lune, ce serait une étape majeure pour l’humanité, non seulement dans le domaine de l’exploration spatiale, mais aussi dans la recherche sur des sources d’énergie durables, qui pourraient transformer l’approvisionnement énergétique de la Terre à long terme.

Brice Louvet

Rédigé par Brice Louvet

Brice est un journaliste passionné de sciences. Ses domaines favoris : l'espace et la paléontologie. Il collabore avec Sciencepost depuis près d'une décennie, partageant avec vous les nouvelles découvertes et les dossiers les plus intéressants.