Il y a 5000 ans, la capacité à digérer le lactose se répandait en Europe

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4 % de chances en plus d’avoir une descendance, voici l’avantage que conférait à ses porteurs la capacité à digérer le lactose. Or, il est question d’une mutation qui s’est répandue en Europe il y a 5 000 ans avant de gagner plus des trois quarts de la population.

Un rôle important dans l’évolution

Se retrouvant aujourd’hui dans toute l’Europe, la capacité à digérer le lactose à l’âge adulte aurait joué un rôle plus important pour l’humanité que ce que nous pensions. Laure Ségurel, anthropologue généticienne française, raconte cette histoire dans une récente publication de la revue Plos Biology. Celle-ci débute il y a 10 000 ans, lorsque certains humains deviennent capables de domestiquer les animaux et les plantes, signant le début d’une transition vers l’agriculture à divers endroits.

Il y a 8 500 ans, les premiers agriculteurs du Croissant fertile (Proche-Orient) arrivent en Europe. Ils remplacent alors en partie la population de chasseurs-cueilleurs. Une seconde vague apparaît il y a 5 000 ans, avec l’arrivée d’éleveurs de l’actuel Caucase. Outre l’agriculture et autres pratiques culturelles, ces éleveurs ont apporté une mutation au niveau d’un gène en particulier.

Depuis 2010, les chercheurs sont capables de prélever et d’analyser de grandes quantités d’ADN provenant d’ossements. Ainsi, une mutation datant de 6 000 ans a été repérée dans l’actuelle Ukraine, se retrouvant ensuite il y a 4 500 ans chez 5 % de la population européenne. Or, cette mutation permet d’exprimer la lactase à l’âge adulte, une enzyme capable de dégrader le lactose et servant donc à digérer le lait.

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Une mutation rapide

Le fait est que cette enzyme est peu présente chez les mammifères. Et pourtant de nos jours, entre 70 et 90 % de certaines populations européennes et africaines digèrent très bien le lait. Selon les chercheurs, la diffusion de cette mutation a été très rapide dans notre processus d’évolution. Les meneurs de l’étude pensent que la raison se trouve dans l’avantage que confère la digestion du lait. Il est notamment question d’une augmentation d’environ 4 % des chances de transmettre cette capacité à sa progéniture. Il en découlait une meilleure survie et/ou reproduction des porteurs.

La diffusion de cette mutation s’est faite en 7 000 ans et en trois étapes. Lors des 2 000 premières années, la mutation est apparue chez un individu au hasard. Or, ce dernier l’a transmise lentement jusqu’à que 2,5 % de la population la porte. Pas moins de 50 % des personnes la portaient 3 000 ans plus tard, et environ 90 % aujourd’hui.

Enfin, les chercheurs n’ont pas pu répondre à une question en particulier : dans quelle population cette mutation a-t-elle été sélectionnée en premier ? Il s’agit soit des premiers éleveurs du Croissant fertile, soit des éleveurs de l’actuel Caucase. Les chercheurs pencheraient plutôt pour la seconde hypothèse.