Une découverte exceptionnelle
Le site fossilifère de Gray, qui regorge de vestiges d’animaux préhistoriques, offre aux chercheurs une fenêtre fascinante sur la faune des Appalaches de la fin du Pliocène, soit il y a environ cinq millions d’années. Dans cette région, un ancien lac qui s’étendait autrefois à perte de vue a lentement laissé place à des fossiles, témoins d’un monde aujourd’hui disparu.
En étudiant les fossiles de ce site, des paléontologues ont pu reconstituer une image saisissante de l’écosystème de l’époque. On apprend alors que des écureuils volants planaient au-dessus des mastodontes et des rhinocéros qui peuplaient jadis les forêts luxuriantes de la région.
Ces animaux appartiennent à un groupe qui ne se trouve aujourd’hui qu’en Asie, principalement au Japon, en Chine et en Indonésie. Ces Miopetauristas, bien que différents des écureuils modernes, ont des caractéristiques similaires, comme leur capacité à planer entre les arbres.
Ce fossile offre aux chercheurs un aperçu précieux de l’histoire des migrations animales. Les scientifiques croient que cet écureuil volant géant faisait partie d’une vague de migration qui a traversé le pont terrestre de Béring, une masse de terre reliant autrefois l’Asie à l’Amérique du Nord, il y a environ 5 millions d’années. Il se serait formé pendant les périodes glaciaires et permettait à de nombreuses espèces de passer d’un continent à l’autre, donnant ainsi naissance à une faune partagée entre les deux hémisphères.

Un fossile vivant : comprendre les extinctions
La découverte de ce fossile, publiée dans le Journal of Mammalian Evolution, soulève des questions importantes sur les extinctions qui ont frappé de nombreuses espèces à la fin de la période glaciaire. Ces écureuils ont apparemment survécu bien plus longtemps que leurs cousins eurasiens, avant de disparaître à leur tour lors des glaciations. Cette longévité relative en fait un exemple intéressant de « fossiles vivants », des animaux dont les parents directs ont disparu bien avant leur propre extinction.
Les chercheurs se demandent pourquoi cette espèce a survécu si longtemps après la disparition de ses homologues en Eurasie. Plusieurs hypothèses émergent : le climat, l’environnement, ou encore la compétition avec d’autres espèces pourraient avoir joué un rôle. En étudiant ce fossile, les scientifiques espèrent mieux comprendre les facteurs qui ont conduit à l’extinction de nombreuses espèces à la fin de la période glaciaire et pourquoi certaines ont disparu plus tôt que d’autres. Cette découverte apporte ainsi un éclairage nouveau sur les dynamiques écologiques de l’époque et les conditions qui ont façonné la faune préhistorique.
