Il y a plus de 40 ans, il était possible de télécharger des jeux vidéo via la radio

ancien poste de radio
Crédits : Jon Rehg / iStock

À la fin des années 1970, des ordinateurs tels que l’Apple II ont vu le piratage logiciel exploser. Ces ancêtres des consoles de jeux et ordinateurs d’aujourd’hui se trouvaient au centre d’une importante circulation de copies de logiciels propriétaires, mais également concoctés par des passionnés. Or, à l’époque, le meilleur moyen de diffuser ce piratage était simple : la radio.

Des logiciels sur cassette audio

En 1977, certains des premiers ordinateurs personnels voient le jour comme l’Apple II et le Commodore PET 2001. Citons également le TRS-80 modèle I de Tandy RadioShack. À ce moment-là, le monde entier découvre la « puissance » de l’ordinateur personnel et de son microprocesseur. Tout comme le PET 2001, l’Apple II était équipé d’un microprocesseur 8 bits à 1 MHz. Le TRS-80 modèle I avait quant à lui un processeur cadencé à 1,77 MHz.

Évidemment à des années-lumière des appareils actuels, ces ordinateurs relevaient d’une utilisation très sommaire. En effet, les utilisateurs pouvaient seulement programmer en BASIC et installer quelques logiciels afin de s’instruire et jouer. Et pourtant, la sortie de ces machines est synonyme d’explosion du piratage. Les passionnés s’échangent abondamment des copies de logiciels sous licences, mais également, des logiciels maison.

Comme l’expliquait Interesting Engineering le 8 mars 2021, les amateurs s’échangeaient ces programmes via le seul support de stockage disponible à l’époque : la cassette audio (K7). Très vite, des ingénieurs du diffuseur audiovisuel Nederlandse Omroep Stichting (NOS) prennent conscience d’une chose importante en se posant une question simple. Puisque les logiciels se trouvent sur des cassettes audio, pourquoi ne pas émettre des flux de données à la radio afin de permettre à tout le monde de les enregistrer ?

ordinateur Commodore PET 2001
Le Commodore PET 2001 et son emplacement pour cassettes audio.
Crédits : Rama / Wikimedia Commons

De nombreux programmes téléchargés via les ondes hertziennes

Ainsi, le téléchargement par ondes sonores (signal BASIC) voit le jour. Très vite, le diffuseur NOS crée une émission de radio baptisée Hobbyscoop. L’objectif est de diffuser ses propres programmes à des auditeurs qui n’avaient qu’une seule chose à faire : brancher la sortie audio de leur poste de radio à l’entrée de leur ordinateur. Cette simple manipulation permettait donc de retranscrire les données radio sur la bande K7. Pour les personnes n’ayant aucune connaissance du stratagème, les sons que diffusait l’émission de radio n’avaient pas de sens. Aujourd’hui, ces mêmes sons ressembleraient à ceux des modems à l’époque du début de la généralisation d’Internet.

Évidemment, comme rien n’est jamais complètement parfait en informatique, chaque séquence de données devait être diffusée quatre fois. Surtout, le téléchargement se révélait incomplet dans le cas où survenait la moindre interférence de signal. En 1982, minés par les incompatibilités entre les différentes machines, les ingénieurs de NOS ont développé un standard de traduction du BASIC pour chaque appareil. Il s’agira du Basicode, dont le surnom était l’espéranto pour ordinateur. Celui-ci sera au cœur de deux importantes évolutions, en 1984 puis en 1986. En une dizaine d’années, NOS diffusera environ soixante programmes dont de nombreux jeux vidéo.

En Europe, l’émission Hobbyscoop fera plusieurs petits, dont Ventilator 202 en Yougoslavie, qui diffusera pas moins de 150 logiciels entre 1983 et 1986. Citons également l’émission Datarama de la radio Bristol Radio West (Royaume-Uni). Malheureusement pour tous les auditeurs, la fin des années 1980 sonne la fin de la liberté. En effet, la disquette et les processeurs 16 bits font que les programmes deviennent trop imposants pour être diffusés sur les ondes.