Il y a 3 000 ans, des bébés buvaient déjà du lait animal dans des « biberons »

Crédits : Helena Seidl da Fonseca

Une analyse chimique de trois contenants en céramique datant de l’âge du fer et du bronze suggère que certains bébés européens étaient parfois nourris avec du lait animal. Les détails de l’étude sont publiés dans la revue Nature.

Des récipients avec de petits « becs » plus anciens ont déjà été retrouvés en Allemagne (ils datent de 7 500 à 6 800 ans). Certains ont supposé qu’ils pouvaient servir à nourrir les bébés avec du lait, mais d’autres ont également proposé qu’ils pouvaient être utilisés pour nourrir les personnes âgées. Ou les infirmes. Le problème, c’est que les petites ouvertures de ces contenants rendaient très difficile la collecte de résidus organiques. Compliqué, dans ces conditions, d’établir la véritable nature de l’ancien liquide versé à l’intérieur. Trois artéfacts plus récents nouvellement découverts, toujours en Allemagne, nous confirment en revanche aujourd’hui que les régimes de bébés de l’âge du fer et du bronze étaient parfois complétés par du lait d’origine animale.

Deux types de lait

Deux artefacts de 800 à 450 avant notre ère, plus précisément, ont été retrouvés dans un cimetière allemand. Le troisième, découvert dans une nécropole allemande de l’âge du bronze tardif, daterait d’environ 1200 avant notre ère. Tous ces objets, apprend-on, ont été retrouvés enterrés à côté d’enfants, âgés de quelques mois à six ans. Le gros avantage de ces contenants, c’est que les « becs » verseurs étaient beaucoup plus ouverts, facilitant ainsi le prélèvement d’échantillons permettant les analyses chimiques.

Ces travaux, signés de chercheurs de l’Université de Bristol, ont alors trouvé que ces résidus organiques contenaient autrefois du lait d’origine animale. Du lait de ruminants pour les deux premiers (vache, mouton ou chèvre, par exemple). Et du lait de non-ruminants pour le troisième (cochon ?). Ces récipients en céramique, avec leur « bec » permettant aux bébés de boire plus facilement, seraient ainsi les précurseurs des biberons et gobelets modernes.

Que des humains boivent du lait de vache durant cette période n’est pas une surprise. Une étude nous a révélé il y a peu que la plus ancienne preuve de consommation de lait animal chez l’Homme remontait à environ 6 000 ans. Cette étude en revanche, est la première à témoigner du fait que les parents européens préhistoriques de l’âge du fer et du bronze complétaient l’alimentation de leurs nourrissons avec du lait d’origine non-humaine.

bébés lait
Le genre de récipients analysés par les chercheurs. Crédits : Une sélection de navires d’alimentation de l’âge du bronze tardif : Katharina Rebay

Un sevrage plus précoce

Les chercheurs relient ce passage à du lait animal avec l’importante croissance démographique opérée à cette même époque. Beaucoup de familles sont en effet passées d’un mode de vie de chasseurs-cueilleurs à une vie plus sédentaire, principalement grâce à l’avènement de l’agriculture et de l’élevage. L’accès plus simple à la nourriture a donc fait bondir les taux de natalité. Ce qui implique des intervalles plus courts entre les naissances. Il était alors préférable de sevrer les bébés plus rapidement en complétant leur alimentation avec du lait animal. Avant cette période, il était impossible pour les humains de sevrer les bébés à un âge précoce, en raison du manque de nourriture complémentaire viable.

Rappelons par ailleurs que les produits à base de lait d’origine animale ne constituent pas une source nutritionnelle complète pour les nourrissons. Des recherches supplémentaires sont donc nécessaires pour isoler le degré d’impact de ce changement de régime chez les nourrissons. Mais pour le savoir, il va falloir trouver des coprolithes (excréments fossilisés).

Articles liés :

Les bébés nés par césarienne présentent un microbiome intestinal différent

Allaiter les bébés réduirait d’un quart les risques d’obésité infantile

Pourquoi les bébés pleurent-ils dans les avions et comment les calmer ?