Une récente méta-analyse nous montre que les poissons et mammifères marins sont 283 fois plus contaminés par des parasites qu’il y a 50 ans. Qu’en est-il des dangers pour l’Homme ?
Anisakis est un petit ver parasite que l’on retrouve parfois dans nos plats lorsque nous consommons des produits de la mer crus ou insuffisamment cuits. Des centaines d’articles ont déjà examiné l’abondance de ces vers chez telle ou telle espèce au cours de ces dernières années. Ce que proposent aujourd’hui des chercheurs de l’Université de Washington (États-Unis), c’est de rassembler l’ensemble de ces résultats pour déterminer l’évolution de ce parasite au cours des cinq dernières décennies.
Dans le cadre de cette méta-analyse, les chercheurs ont étudié 123 publications parues de 1967 à 2017 examinant la présence de ce ver parasite chez 56 778 poissons appartenant à 215 espèces différentes. Les résultats de ces travaux, publiés dans la revue Global Change Biology, suggèrent que l’abondance du parasite a été multipliée par 283 au cours de ces 50 dernières années.
Un danger pour l’Homme ?
Tout démarre en bas de la chaîne alimentaire. Après éclosion dans l’océan, ces vers infectent d’abord les petits crustacés. Ces derniers sont ensuite consommés par des petits poissons, eux-mêmes mangés par de plus gros poissons ou par des mammifères marins. Les humains sont de leur côté touchés lorsqu’ils mangent des produits de la mer infectés qui n’ont pas été suffisamment cuits.
Ce qu’il faut savoir, c’est que ces vers ne peuvent pas se reproduire ou vivre très longtemps dans nos intestins. Des symptômes semblables à ceux que vous pourriez ressentir suite à une intoxication alimentaire, tels que des nausées, vomissements et diarrhées, peuvent néanmoins se manifester. Dans la plupart des cas, les vers meurent au bout de quelques heures ou quelques jours et les symptômes disparaissent.
Leur présence dans notre organisme est donc généralement sans danger. Toutefois, il est important de souligner que certaines personnes sensibles aux nématodes peuvent développer une réaction allergique, et donc potentiellement essuyer un choc anaphylactique.
Et pour les mammifères marins ?
Par ailleurs, si ces petits vers ne semblent pas apprécier notre environnement intestinal, ils peuvent en revanche se reproduire et prospérer chez les mammifères marins, notamment chez les baleines, les dauphins et les phoques. Bien que les chercheurs ne connaissent pas encore les véritables impacts physiologiques de ces parasites sur ces animaux, le fait qu’ils puissent persister pendant plusieurs années dans leur organisme pourrait avoir des effets néfastes.
« L’une des implications importantes de cette étude est que nous savons maintenant qu’il existe un risque sanitaire croissant et massif pour les mammifères marins, expliquent les chercheurs. On ne considère pas souvent que les parasites puissent être la raison pour laquelle certaines populations de mammifères ne parviennent pas à rebondir. Il sera utile de se pencher sur la question, notamment chez les espèces en voie de disparition ».
Quant à savoir pourquoi ces vers se sont autant multipliés au cours de ces dernières décennies, les chercheurs se posent encore la question. Le nombre croissant de mammifères marins, qui fait suite à l’arrêt de la chasse intensive de ces animaux dès les années 60, pourrait en être une partie de l’équation. L’augmentation progressive de la température des océans doit également être considérée, selon eux.
Notez, pour les amateurs de sushis, que les professionnels du secteur sont normalement entraînés à repérer ces petits vers lors de la transformation du poisson, et donc à les éliminer si besoin. Néanmoins, il peut arriver que certains vers parviennent à franchir ces étapes de dépistage. En cas de doute, il est donc recommandé de couper chaque pièce en deux avant de la consommer.
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