Une équipe de paléontologues annonce avoir identifié le plus ancien exemple connu au monde d’une créature ressemblant à un calmar attaquant sa proie. Une agression fatale pour la victime, mais également pour l’assaillant.
Il y a quelques semaines, nous rapportions la découverte d’une dent de ptérosaure retrouvée coincée à l’intérieur d’un calmar, témoignant d’une bataille épique opérée en mer il y a 150 millions d’années. On imaginait alors le reptile volant plonger son bec dans l’eau pour capturer sa proie, visiblement trop grosse pour lui (trente centimètres de long). L’attaque s’était finalement soldée par un échec. Prédateur et proie, semble-t-il, étaient alors chacun repartis de leur côté.
L’étude d’un fossile encore plus ancien nous révèle cette fois une issue différente, et beaucoup plus dramatique.
La nouvelle analyse d’un fossile trouvé sur la côte sud de l’Angleterre au 19e siècle, actuellement conservé dans les collections du British Geological Survey (Nottingham), nous dépeint ici une scène de prédation vieille de 200 millions d’années.
Deux protagonistes : Clarkeiteuthis montefiorei, une créature de la période jurassique semblable à la seiche moderne, et Dorsetichthys bechei, un ancien poisson ressemblant à un hareng. Le premier attaque le second, l’enroulant avec ses bras puissants, lui écrasant au passage les os de son crâne.
C’est à ce jour le plus ancien fossile connu impliquant un diplobelide (le terme technique pour ce céphalopode calmar). Les détails de cette analyse seront publiés dans un prochain numéro des Actes de l’Association des géologues.
Morts ensemble pour l’éternité
Quant à la façon dont les deux créatures ont réussi à rester « figées » ainsi, les chercheurs ne peuvent que spéculer. Deux scénarios possibles ont été avancés. Le premier suggère que le céphalopode est mort en essayant de maîtriser sa proie (parce qu’elle était trop grosse, par exemple). Dans ce cas précis, les deux créatures seraient finalement mortes ensemble, avant de tomber au fond de la mer.
La seconde hypothèse propose que le calmar, en essayant de cacher sa proie à ses rivaux en se tapissant dans le fond de la mer, a finalement succombé à de faibles niveaux d’oxygène. Notez que cette seconde explication est un peu moins considérée que la première, dans la mesure où les sédiments dans lesquels ces deux créatures ont été trouvées contenaient des fossiles d’autres espèces qui avaient besoin d’oxygène dissous pour survivre.
Toujours est-il que, qu’il s’agisse de l’une ou l’autre de ces idées, le prédateur et sa proie ont finalement réussi à s’installer sur les fonds marins boueux assez longtemps pour permettre leur conservation.
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