Il y a environ deux milliards d’années, plus de 99 % de la vie sur Terre s’est éteinte, selon une étude publiée dans la revue PNAS. En témoigne une chute exceptionnelle des niveaux d’oxygène.
La vie sur notre planète a essuyé plusieurs extinctions massives. Nous en avons conscience grâce aux différentes archives fossiles disponibles. Ces analyses deviennent en revanche très compliquées lorsqu’elles concernent les micro-organismes, qui ne « durent » pas de la même manière dans le temps. Aussi, les chercheurs doivent se concentrer sur d’autres éléments qui pourraient témoigner, indirectement, de la réponse de ces anciens organismes. C’est ce qui vient d’être fait au Canada.
Une extinction quasi-totale
Dans la baie d’Hudson. En examinant des morceaux de baryte, un minéral qui enregistre des informations sur la quantité d’oxygène dans l’atmosphère, des paléontologues ont découvert deux choses. D’une part qu’il y a environ 2,4 milliards d’années, les niveaux d’oxygène sur Terre ont considérablement augmenté. Et d’autre part qu’il y a environ 2,05 milliards d’années, ces niveaux d’oxygène ont chuté de manière spectaculaire, entraînant la disparition de 80 à 99,5 % de toute la vie présente à cette époque.
« Nous avons été très surpris, explique Peter Crockford, de l’Université de Princeton. Nous ne nous attendions pas à voir un si gros signal, ni à le trouver dans ce type d’échantillon. Au cours des 100 à 200 millions d’années qui ont précédé cet événement meurtrier, la planète était très peuplée, mais après cet événement, une grande partie de celle-ci s’est éteinte ». La vie aurait également mis beaucoup de temps à récupérer, puisque cette « famine » aurait perduré pendant un milliard d’années.
Un « dépassement d’oxygène »
Pour expliquer cette incroyable extinction, les chercheurs avancent la théorie dite du « dépassement d’oxygène ». L’idée est la suivante : la photosynthèse produit une quantité d’oxygène permettant le développement de la vie sur Terre, qui elle même produit de l’oxygène. Mais trop de vie tue la vie. À force, les organismes sont en effet si abondants qu’ils épuisent les réserves d’éléments nutritifs. Résultat, les effectifs diminuent. Au point de quasiment disparaître, comme ce fut le cas à cette époque.
Pour bien prendre conscience du degré de cette extinction (entre 80 et 99,5 %), rappelons que l’événement d’extinction massive des dinosaures, il y a 66 millions d’années, a entraîné la disparition des trois quarts de la vie sur Terre. Tandis que l’extinction du Permien-Trias il y a 252 millions d’années, considérée au passage comme la plus importante que la Terre ait connue, a entraîné la perte de 70 % de la vie terrestre et de 96 % de la vie marine.
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